Explosions et affiche

Dans la ville de Svetivostok, le léger calme de cette fin de nuit, revenu aprés les premiers évènements, fut vite perturbé par des explosions. Des bombes artisanales explosèrent et mirent le feu à deux églises et au palais du Stadthalter. Les prêtres et les gardes présents sur les lieux furent tués, mais ces derniers non pas par l'attentat mais par des balles. Les badauds et les soldats de la faction ayant le contrôle des lieux purent découvrir sur les murs la signature des coupables :

L'inquiétude se répandit dans la ville.
Les rouges accusèrent bruyamment les tsaristes et les conservateurs d'être à l'origine de cette action, dans le but de faire porter le chapeau aux merkistes-luninistes.
Un commando de paramilitaires nationalistes déchira deux étudiants étiquettés comme "terroristes", et portant un brassard noir.
Les autorités municipales, qui avaient pour l'instant réussi à préserver un semblant d'équilibre dans la ville entre les factions, ne savait comment réagir.
Quelques intellectuels radicaux du mouvement révolutionnaire furent arrêtés, provoquant de violents affrontements entre les milices rouges et les maigres forces de l'ordre.

Le but de la faction noire était claire : détruire tout ce qui était synonyme de pouvoir, spirituel ou temporel. Tandis que les forces de l'ordre de la municipalité patrouillaient pour éviter de nouveaux attentats, une patrouille découvrit une chose bien étrange : une marmite en fonte, comme on peut en trouver souvent dans les foyer, trainait dans la rue tout prés de leur caserne. Intrigué et curieux, ils s'approchèrent prudemment en observant autour d'eux. Le plus courageux, ou le plus inconscient, s'approcha suffisamment pour la prendre, et la souleva avec difficulté. Le couvercle semblait être soudé car il n'arrivait pas à l'enlever. Puis, tandis que ses camarades le rejoignait, il aperçu un papier collé sous la marmite, et la retourna. Bien mal lui a pris, car c'était une marmite à renversement bourrée de dynamite, qui explosa et réduisit en lambeaux les hommes de la patrouille.

Dans la même journée, une autre patrouille inconsciente se fit avoir au même piège grossier.

Dans la nuit suivant les premières explosions, de nouvelles affiches furent placardées :

Réaction des rouges face à la montée en puissance des anarchistes à Svetivostok;

Camarade anarchiste, nous comprenons ton combat, car il est le nôtre !
Rejoins la Révolution prolétarienne !
Ensemble nous triompherons de l'oppression bourgeoise et nous établirons la République des Soviets de Russlavie !

Les anarchistes organisèrent des réunions secrètes dans les sous-sols de quartiers mal-famés, qu'ils connaissaient comme leur poche. Ils discutèrent longuement. Certains envisageaient une alliance officielle avec les rouges, ayant des ennemis communs, mais d'autres étaient contre en s'appuyant sur la finalité opposée de leurs idéologies respectives. Finalement, il fut décidé un compromis : ils ne combattront pas aux côtés des rouges, mais non pas contre eux, tout comme il fut fait jusqu'à présent. La réunion se termina par un chant.

[...]
Que la nitro, comme la dynamite
Soit là pendant qu'on discute raison
S'il est besoin, renversons la marmite
Et de nos maux, hâtons la guérison
Place pour tous au banquet de la vie
Notre appétit seul peut se limiter
Que pour chacun, la table soit servie
Le ventre plein, l'homme peut discuter
[...]

Grâce au bouche à oreille, les noirs firent savoir leur décision aux merksistes.

Pour fêter cela, ils firent miner le sous-sol d'un poste de police, ce qui eut pour effet aprés l'explosion d'affaisser dans le sol la moitié du batiment, avec ses occupants.

Devant l'inaction et l'incompétence des forces publiques, les Camarades du Drapeau Noirs parvinrent prendre le contrôle des quartiers ouest, à coup d'opération de guérilla, se déplaçant le plus souvent par des souterrains, s'abritant dans des caches, faux murs, et autres portes secrètes, lorsqu'ils ne mitraillaient pas avec des fusils "empruntés" aux forces de l'ordre, déstabilisées par des grenades artisanales faites de batons de dynamite.

Le commissariat central résistait tant bien que mal, encerclé, assiégé, parfois enfumé par des bombes incendiaires... Le moral des policiers retranchés était au plus bas, tandis que la population se ralliait petit à petit aux insurgés et leurs belles paroles. Bientôt le théâtre sera la scène de nouveaux affrontements, devenant un avant poste vers le palais.

Leonid Godinnik, rentrant d'un long et pénible voyage à l'étranger, trouva Svetivostok dans bien piteux état...

Son père Anton avait été député de la Perle de l'Orient, il avait fait de cette cité un lieu de paix et de concorde, fier de ses opinions républicaines et ouvertes à la modernité.

Il ne comprenait pas les luttes intestines qui divisaient aujourd'hui Svetivostok... Il fallait réagir!

Il se dirigea alors vers le Palais Zlemskaïa, déserté et aux portes de la zone rebelle, bien qu'au centre de la ville intra-muros.

Il s'installa dans le fauteuil de député qui avait été celui de son père et qui était désormais le sien, il prit sa plume, et se mit à écrire quelques lignes.

Il fit ensuite appeler l'imprimeur Kerenko et lui ordonna de multiplier ledit texte. A la fin de la matinée, on vit les mots de Godinnik placardés partout sur les murs, que cela soit en zone rebelle ou en zone légitime:

Citoyens de Svetivostok,

Le chaos règne dans les murs de notre cité. Les bombes et les assauts militaires ne règleront pas les problèmes qui sont ceux de l'Empire souffreteux et se délitant.

Svetivostok a toujours été une place de liberté, de tolérance, et aujourd'hui j'appelle à la raison.

La raison ne passant plus par la voie de la Russlavie traditionnelle, il convient que notre ville sorte de l'Empire.

Aussi je déclare la République de Svetivostok, et j'appelle les forces rebelles à déposer les armes et à venir prendre place autour d'une table afin d'assurer un futur raisonnable à notre peuple!

Vive la République! Vive Svetivostok!

Communiqué du Congrès National

Le Congrès National et la Régence ont appris avec étonnement que de nombreuses rumeurs de sécession circulent dans la ville de Svetivostok.
Las, le chef du gouvernement a trahi la confiance des russlaves qui l'avaient élu, et se joint maintenant aux charognards qui complotent la perte de la Nation. Rouges, Anarchistes, séparatistes Ukhraniens ou Transylvains, Spartakistes, fascistes, tous les ennemis de la Nation et de la Liberté voient avec délice la belle et libre Svetivostok rejoindre leurs rangs.
Le régent appelle sans tarder les autorités de la ville à désavouer ce projet absurde et séparatiste.
Si jamais l'intégrité de la Nation se trouvait remise en question, le gouvernement impérial prendrait les mesures qui s'imposent.

Pour la Russlavie !

Iossif Mai-Maievski, Régent.

Monsieur le Régent,

L'autorité de votre Congrès National n'arrivant pas jusques à nos rues, et votre Institution n'étant qu'un semblant de rénovation politique et sociale, il est donc plus que nécessaire pour Svetivostok, Perle de l'Orient, ouverte et tolérante, de voler de ses propres ailes et de prendre en main son destin.

Feu mon père fut trop docile malgré sa révolte perpétuelle, il l'a payé de sa vie. Aujourd'hui la rénovation des institutions est nécessaire et doit s'imposer sans flêchir.

Nous appelons les différentes grandes cités de l'Empire, délité, à se constituer en Républiques, à l'instar de Svetivostok, et à se fédérer. Là réside le futur de nos nations si longtemps opprimées par le joug tsariste.

Sachez, Monsieur le Régent, que les troupes légitimes ont désormais prêté serment à la République. Des pourparlers sont par ailleurs en cours afin de négocier la fin des hostilités stériles et fratricides menées par les rebelles, qui désormais sont écoutés.

Toute tentative d'intervention militaire de la part de votre Congrès sera considérée comme une agression et sera repoussée par nos troupes.

Vive la République, Vive Svetivostok!

Dès qu'il reçu cette missive venant des rebelles du drapeau Noir, Leonid Godinnik décida de se rendre sans tarder au Théâtre Impérial.

Sur sa route il croisa de nombreux habitants de Svetivostok qui osaient sortir de chez eux, espérant que le Député serait enfin celui rapporterait l'odre et la tranquillité justes à la cité.

Godinnik était désormais accompagné des hauts officiers de la garde Impériale et des différents corps d'armée regroupés à Svetivostok.

Quand il arriva au Théâtre Impérial, il vit en face de lui les dirigeants de la Sédition anti impériale. Désormais il lui appartenait de discuter, et de prouver la justice et la justesse de la République de Svetivostok: tous devaient s'y rejoindre afin que la Perle de l'Orient continue de briller.

Le Député s'approcha du chef du Drapeau Noir, dont il ne savait pas encore le nom, lui serra la main, et l'invita à prendre part aux pourparlers de paix et pour cela à rentrer dans le théâtre, en espérant que la tragédie ne serait pas au programme du jour...

Une fois installé autour de la table, Godinnik prit la parole:

- Messieurs, la situation est grave. Notre Cité Millénaire a connu des heures troubles dont on ne savait rien ici. La déliquescence de l'Empire a créé des tensions qui n'ont pas raison d'être.

Godinnik respira profondément avant de se lancer...

- Désormais l'Empire n'est plus et Svetivostok est une République, dont le plus grand souhait est de développer et de préserver la cohésion sociale, territoriale et économique des territoires qui sont désormais sous notre gestion propre. J'appelle donc tous les hommes de bonne volonté et de progrès à entrer au Gouvernement et au Parlement, afin d'asseoir la Démocratie vraie, celle que la Russlavie ne nous a jamais donnée!

Le Député se tut, bu un verre d'eau, et ne reprit la parole que pour inviter son interlocuteur à s'exprimer quant à ses revendications et philosophie...

- Oui, la Démocratie vraie, la parole et le choix du peuple s'incarnant dans des représentants dignes de confiance. Le suffrage universel direct donc!

Godinnik regarda un moment ces gens afin de déceler ce qu'ils pouvaient penser.

- Je ne crée pas une monarchie, je ne crée pas une tyrannie, je donne au peuple de Svetivostok la possibilité de s'exprimer, de choisir, de régner!

Godinnik s'approcha de ses interlocuteurs:

- Me suivrez-vous? Déposez-vous les armes? Tous auront droit à la parole, vous comme les autres!

Godinnik releva le ton de ses interlocuteur, et leur répondit de la même façon:

- Rendez-vous mercredi, vous aurez ce texte. Cependant, pourrais-je avoir votre appui contre toute entreprise militaire des tsaristes ou congressistes?

- Les fausses promesses ne sont pas le fort des Godinnik... Point de tromperies, point de couardises, vous avez ma parole.

Godinnik tendit sa main au porte parole des Drapeaux Noirs, et réaffirma ses dires antérieurs:

- Dès cette nuit je m'attèle à l'écriture de la Constitution, Mercredi vous la lirez. Je vous donne donc rendez-vous mercredi soir ici même!

Le camarade Gozdenovic salue l'accord passé entre les autorités de Svetivostok et les frères anarchistes.
J' envoie tous ses voeux d'amitié à Mr Godinnik avec qui j'espere bien s'entendre.
Les troupes de la Révolution sont toutes prêtes à secourir Svetivostok si celle-ci était attaquée par les contre-révolutionnaires, mais j'espere que Svetivostok ne rompera pas ses liens avec la Mere Patrie, qui a tant besoin de ses villes !
Si la Revolution triomphe, un statut semi-autonome peut être étudié, ou un statut d'entité fédérée, à égalité avec les autres régions.

Vive le Peuple !

S P A R T A C U S