Retour à la Russlavitude...

On disait dans les rues que Leonid Godinnik, qui gérait seul la réduite et isolée République de Svetivostok, avait eu des échanges avec Gornograd et Maï-Maïevsky...

La situation économique n'était pas désastreuse,sans toute fois égaler les moins belles des plus belles heures de la Perle de l'Orient... La cité et ses terres vivotaient, pour dire vrai.

Quelles seraient les conditions du retour de Svetivostok dans cet ensemble parfois chaotique et hétéroclite qu'était l'ancien brillant empire?
Certains bien-sûr disaient que le Prince Sveringoraï vendait la brillante République aux libéraux...

Mais la situation était plus complexe. Svetivostok avait toujours été russlave, malgré ses orientations républicaines et idéologiquement progressistes. Ce que voulait Godinnik, tout comme son père, c'étrait permettre à tout le peuple russlave de bénéficier des bienfaits de la République.

Désormais, à travers l'exemple de la cité, tous en Russlavie savaient qu'une république basée sur la concorde et le respect mutuel pouvait être. Pourquoi ce modèle ne serait-il pas appliqué à plus grande échelle?

Le retour à la Patrie serait sans doute un moment de passage à vide, mais cela serait dans le fond une continuité de la fonction de Svetivotsok et ce depuis toujours: montrer la voie de l'utopie à des frères égarés. Svetivostok ne se diminuait pas en renonçant à son indépendance, mais se grandissait et donnait par là l'exemple à suivre par tout régime raisonnable et mature...

Les négociations étant bien entamées, Mai-Maievski décida de se rendre en personne à Svetivostok, afin de conclure le retour de Svetivostok dans le giron de la nation russlave. Ce retour n'était pas gracieux. Mai-Maievski avait du cédé sur de nombreux points, et promettre une autonomie importante à Léonid Godinnik.
Néanmoins, c'était un progrès par rapport aux propos farouchement indépendantistes qui avaient été exprimé durant les troubles de l'été.

Alors que le train amorçait le dernier virage, la splendide cité se dévoila aux yeux du Premier Ministre. Il n'y avait plus mis les pieds depuis un an, lorsque, candidat progressiste aux élections législatives, il était en pleine campagne électorale. De l'eau avait coulé sous les ponts depuis... Les anciens rapports de force avaient disparu, les alliances contre-nature n'avaient pas résisté à la révolution, les anciens meneurs politiques (Kraschenko, Lebronov, Godinnik père) étaient morts ou exilés.

Le train ralentit alors qu'il entrait dans la ville. Iossif fut tiré de ses pensées à la vue de la foule, non pas hostile, mais plutot curieuse, qui examinait le convoi gouvernemental.
Dans quelques minutes, le train entrerait en gare...

Tandis que le panache de la locomotive entrait sous les voûtes métalliques de la gare de Svetivostok, les badauds se pressaient pour voir arriver le Ministre de l'Intérieur Russlave et tout puissant Maï-Maïevski...

Des drapeaux de la République flottaient, et au moment ou l'émissaire russlave descendait de son wagon, à côté des étendards déjà dressés, ceux de la Russlavie furent hissés, accompagnés par un garde à vous des hommes de la Garde de la République, déployés en haie d'honneur sur le quai...

Leonid Godinnik, qui avait revêtu sa tenue d'apparât, était là, solennel et attentif. Cette rencontre il l'attendait et il la craignait en même temps... L'avenir de la Perle de l'Orient allait être décidé et les négociations, même si elles étaient déjà définies dans les grands axes, allaient tout de même être âpres sur certains derniers points de détail...

Lorsque Maï-Maïevsky descendit de voiture et entama son avancée vers le Prince, celui-ci n'hésita plus et se dirigea la main tendue vers l'homme qui avait été un compagnon politique de son père au sein du Parti Progressiste...

Mai-Maievski serra chaleureusement la main que le prince lui tendait. Après les formalités d'usage, les deux hommes, escortés par la garde républicaine, montèrent dans un fiacre qui devait les emmener au Palais.
Une foule, toujours aussi compacte que sur les quais, regardait passer l'attelage des dignitaires, précédés d'une dizaine de policiers montés.
Mai-Maievski observait avec attention la foule, craignant d'y déceler des terroristes, tels qu'en avait connu Svetivostok, il y a quelques mois.
Rassuré sur ce point, il se tourna vers son illustre interlocuteur, et lui dit d'un ton optimiste:

" - Quelle belle journée, prince ! Le temps idéal pour un évenement aussi heureux ! Il aurait été fâcheux que la pluie vint troubler la cérémonie qui succédera au succés de nos négociations !"

Les deux hommes arrivèrent au palais où devait se conclure l'accord.
Une fois installés dans la pièce des négociations, Iossif fit donner au prince le document qui contenait les propositions russlaves.

Statut: La ville est une province autonome de l'Empire Russlave. Elle bénéficie de ses propres compétences, pour lesquelles elle est autonome, mais n'est pas une entitée souveraine ( absence de diplomatie)

Compétences russlaves:
- Affaires Etrangères (pas de diplomatie svetivostok distincte)
- Défense (ne compte pas la garde républicaine, maintenue à des effectifs symboliques, et bien sur les forces de police.)
- Justice (lois russlaves et principes de la constitution applicables à Svetivostok).
-Finance: impôt léger pour financer les compétences susnommées.

Compétences déconcentrées:
- Intérieur, police, impôt, administration provinciale, culture.
- possibilité de légiférer, dans les affaires "intérieures", là où le législateur russlave n'est pas intervenu, tant que les ordonnances svetivostokiennes ne violent pas la Constitution et les lois russlaves.

Iossif attendait la réaction de son interlocuteur.

**Michel Sebastopol** Nombre de messages : 640 Date d'inscription : 28/12/2006

Dehors, une maigre manifestation digne menée par des anciens combattants souvent décorés, certains invalides scandait " Droit et Justice ! une Russlavie forte et unique !"

EL/ désolé pour le retard Boêl en famille oblige... /EL

Leonid Godinnik avait reçu le document avec courtoisie.

Les termes du retour de Svetivostok avaient été déjà négociés... Il aurait cependant bien aimé que quelques détails fussent rajoutés... Il prit sa plume et rajouta quelques griffes avant de tendre le papier à son interlocuteur:

- Mon cher Maï-Maïevski, il me tient à coeur de préciser quelques petites choses, comme je viens de le faire à la plume ici même, voyez-donc...

Statut: La ville et les terres placées sous sa juridiction forment une province autonome de l'Empire Russlave. Elle bénéficie de ses propres compétences, pour lesquelles elle est autonome, mais n'est pas une entité souveraine ( absence de diplomatie)

Compétences russlaves:
- Affaires Etrangères (pas de diplomatie svetivostok distincte)
- Défense (ne compte pas la garde républicaine, maintenue à des effectifs symboliques, et bien sur les forces de police.)
- Justice (lois russlaves et principes de la constitution applicables à Svetivostok).
-Finance: impôt léger pour financer les compétences susnommées.

Compétences déconcentrées:
- Intérieur, police, impôt, administration provinciale, culture.
- possibilité de légiférer, dans les affaires "intérieures", là où le législateur russlave n'est pas intervenu, tant que les ordonnances svetivostokiennes ne violent pas la Constitution et les lois russlaves.
- possibilité d'amender les lois russlaves au contexte de Svetivostok dans la mesure du respect de la Constitution de la République de Svetivostok.

- Qu'en pensez-vous?...

Quant aux quelques sons de voix marginaux se faisant entendre aux abords du Palais Zlemskaïa, Leonid apporta un commentaire:

- La voix de ces boyards désoeuvrés est minoritaire et va dans le sens contraire du respect de la chose publique. Nous entendrons tout de même ceux qui crient ainsi, mais le retour à la Russlavie ne signifiera jamais le retour à un système injuste, inégal et inhumain.

Leonid laissa l'émissaire russlave penser aux propositions faites et, ce faisant, l'invita à le suivre:

-Iossif, la pluie ne sera pas au rendez-vous, ni même la neige... Ce beau soleil va nous permettre, si vous le voulez, d'aller découvrir les faubourgs immédiats où un parc vient d'être aménagé et où une université neuve est en cours de construction... Peut-être serait-il de bon aloi de nous baptisions ensemble le Parc de la Réconciliation...

Puis après avoir hélé un greffier:

- Avez-vous l'habitude des traineaux hippomobiles? C'est ce qu'il y a de mieux en hiver, les automobiles ne sont pas encore adaptées au givre!

Iossif était satisfait: le compromis était satisfaisant. Il savait qu'il ne serait sans doute plus Premier Ministre après les élections. Seule un contexte d'instabilité avait permis qu'un kadet libéral-démocrate arrive à la tête de l'Etat. Iossif était heureux d'avoir sauver l'unité de la Russlavie, au prix de compromis que ses sucesseurs ne seront peut être pas prets à faire...

"Bien, prince, nous sommes d'accord ! Apposons notre signature en bas de ce document, et allons annoncer au peuple la nouvelle. Je m'engage à faire passer ce compromis en loi avant ma démission. Allons donc inaugurer le prestigieux symbole de la réconciliation ! ... A propos, je me réjouis de voir qu'une université va voir le jour à Svetivostok. Seule l'instruction peut durablement implanter le gout de la liberté dans les consciences. Cela me fait penser qu'il serait temps que la Russlavie lance un vaste programme d'enseignement supérieur..."

- Mon cher Iossif, vous me voyez réjoui de cet accord.

Les hommes sortirent au balcon principal du Palais Zlemskaïa, et Leonid s'adressa au peuple de la Perle de l'Orient:

- Femmes et hommes de Svetivostok, en ce jour la République rejoint sa Mère, la Russlavie. N'ayez crainte, la Chose Publique va perdurer, la Province Autonome de Svetivostok sera le moteur de l'innovation politique russlave!

Leonid se tut un bref moment et reprit la parole:

- Vive la République, Vive Svetivostok, Vive la Russlavie!

Le peuple de la Perle de l'Orient reprit les mots de son leader...

Godinnik et Maï-Maïevski sortirent du Palais, et montèrent dans le traineau hippomobile...
Leonid se permit d'aborder Iossif d'un ton plus amical et personnel:

- Iossif, je suis bien conscient de votre rôle dans la possibilité de faire pervivre et survivre l'idéal de la République. Sachez que Svetivostok sera toujours pour vous une terre d'accueil et de protection.

Leonid prit le temps d'observer le regard de son interlocuteur et repris:

- Sachez aussi que le Parti Républicain sera ouvert à toute alliance avec votre mouvance si cela peut permettre un avenir meilleur à la Russlavie...

Une fois arrivés hors des murs, les deux hommes s'empressèrent d'aller inaugurer le nouveau Parc de la Réconciliation,et par la même Leonid en profita pour présenter le drapeau de la Province Autonome de Svetivostok:

- Voyez, Iossif, comme cet étendard portera l'identité de la Province...

Iossif contempla quelques instants le drapeau de Svetivostok avant de répondre au prince;

"Je vous remercie de votre offre d'hospitalité. Vous et moi, nous nous doutons bien que la situation actuelle demeure fragile, et la démocratie pourrait être soufflée par la moindre brise. A ce moment là, je n'aimerais pas être l'homme qui a conclu une paix de compromis avec les merksistes et les autonomistes et qui a édicté une nouvelle constitution, en l'occurrence: moi-même."

Un triste sourire illumina son visage soucieux.

"Nos deux partis sont foncièrement différents, mais effectivement, nous serons peut-être amenés à nous entendre si, comme je le pense, les élections consacreront l'hégémonie des idéologies consevatrices et merksistes. Dans ce cas, une coalition "modérée" serait une aubaine ...inespérée. "

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