- Feodor Pojarski
- Nombre de messages : 436
Date d'inscription : 06/09/2008
Un étrange réveil...
Mar 7 Avr 2009 - 12:04
Le jeudi 19 Mars, à Gornograd, Irakli Ordjonikidze avait ingurgité trois litres de Zoubrovska, un verre d'alcool de pomme de terre, un bon litron de vin blanc, une pleine cuillère de haschich dans du café, et peut-être encore une bière, puis il s'était couché, avec l'objectif de voir s'il se réveillait le lendemain matin.
Il ne s'était pas réveillé le lendemain. Il s'est réveillé à Svetivostok, deux semaines plus tard, c'est à dire aujourd'hui. Qu'avait il fait pendant ce temps, et comment avait il atterri ici ? C'était une question tellement vaine que Irakli Akhrameivitch ne prit pas la peine de se la poser.
Il se trouvait dans une ruelle de la vieille ville, sur un vieux matelas abandonné et souillé. Irakli Akhrameivitch regarda ses mains avec la plus grande attention, mais sans vraiment s'étonner: elles étaient couvertes de sang séché. Les manches de sa veste étaient aussi recouvertes d'épaisses tâches brunâtres, jusqu'aux coudes.
"Bon bon, pas la peine de se poser des questions pour ça; j'ai encore fait du vilain" pensait, en substance, Irakli Akhrameivitch.
Il parut soudain se souvenir de quelque chose, et tâta ses poches avec fébrilité. Il y trouva son revolver, qui ne le quittait jamais, et, heureuse surprise, plusieurs liasses de billets. Il avait donc ce quoi rentrer chez lui, tant mieux tant mieux.
A moins que... A moins qu'il ne décide de s'attarder dans cette ville, au demeurant charmante... A moins que sa venue ici ne soit pas du tout fortuite... Peut être avait il quelque chose à faire, un travail à éxécuter, ici, dans cette ville du bout du monde ?
Sifflotant gaiement un air de fanfare, Irakli Akhrameivitch quitta la petite ruelle, et d'un pas vif, les mains dans les poches, il emprunta la Loujine Prospekt, en direction du centre-ville.
- Feodor Pojarski
- Nombre de messages : 436
Date d'inscription : 06/09/2008
Re: Un étrange réveil...
Mar 7 Avr 2009 - 17:29
Irakli, par mesure de prudence, avait échangé sa veste souillée de sang contre celle d'un clochard. Elle puait, mais au moins était elle plus passe-partout que la précédente.
Il se passait plein de choses dans cette ville. Irakli voyait des soldats courir partout. Des drapeaux qu'il ne reconnaissait pas flottaient partout. Des histrions en pardessus haranguaient la foule à chaque coin de rue. Derrière Irakli, sur la Loujine Prospekt, défilait une fanfare. Elle faisait un tapage effroyable. Irakli hâta le pas pour s'éloigner.
"La république de Svetivostok"..., c'était donc cela !
En consultant régulièrement un plan acheté à la gare, Irakli Akhrameivitch parvint sans trop de mal à l'adresse que ses employeurs avaient mentionné.
C'était une petite maison sans prétention, à la vérité fort laide et en mauvaise état. A peine eut il frappé six coups secs qu'on lui ouvrit. Un petit homme soupçonneux le fit entrer dans ce qui semblait être un parfait capharnaum.
Le petit homme, sans se présenter, demanda à voir ses ordres. Irakli, sans un mot, les lui donna.
Hochant la tête, l'homme trottina jusqu'à une malle, qu'il déplaça, non sans peine, sous le regard ennuyé d'Irakli Akhrameivitch.
La malle dissimulait une trappe dans le sol, que le petit homme ouvrit. Il s'y engouffra et disparu dans l'obscurité.
Il en ressortit quelques secondes plus tard avec deux paquets, apparement pas légers.
Il ouvrit le premier devant Irakli;
- Il s'agit d'un détonateur standard, avec un retardement non règlable d'une demi-heure. Je n'ai pas pu trouver mieux. Apparement, Godinnik a fait saisir l'arsenal des anarchistes. Voici les charges; il y en a suffisament pour remplir votre mission.
Irakli fit la moue, puis jetta un coup d'oeil interrogateur vers le second paquet. Le petit homme l'ouvrit, dévoilant un fusil en pièces détachées, particulièrement fier.
- Martini-Henry 06R, avec crosse escamotable et lunette de haute précision. Chargeur de 6 balles. S'il échappe à la bombe, ceci ne le ratera pas !
Tournant le dos à Ordjonikidze, le petit homme continuait à jacasser:
- J'ai eu un mal fou à le trouver, mais que ne fait on pas pour la cause, n'est ce pas tovaritch ? Vous le leur direz, n'est ce pas, tovaritch ? Vous leur direz que Semion Romanovitch a rempli sa mission, n'est ce pas ?
Pourquoi cet homme disait il autant "n'est ce pas" ? songeait Irakli Akhrameivitch, tout en sortant son poignard.
Cela ne l'amusait pas particulièrement, mais il fallait être prudent; il ne pouvait se permettre de courir des risques.
Le petit homme se tu brusquement, sentant une ombre dans son dos. Il n'eut pas le temps de se retourner qu'il avait déja la gorge tranchée, d'un coup net et sans bavure.
Emettant un gargouillis qui ressemblait à une protestation indignée, Semion Romanovitch s'écroula sur le sol.
Irakli essuya rapidement sa lame, s'empara des paquets, et quitta rapidement la maison, fermant soigneusement la porte derrière lui.
- Feodor Pojarski
- Nombre de messages : 436
Date d'inscription : 06/09/2008
Re: Un étrange réveil...
Jeu 9 Avr 2009 - 14:11
Irakli Akhrameivitch s'ennuyait. Cela faisait deux jours qu'il attendait, posté dans une chambre de l'Hotel Imperial, en face du Palais Zlemskaïa.
Son "contrat" n'avait toujours pas mis le nez dehors, où alors il avait emprunté la sortie de service qui donnait sur l'arrière.
Cela posait un problème logistique particulièrement insoluble. Si l'homme ne sortait pas, Irakli ne pouvait pas l'abattre, ça tombait sous le sens.
Irakli Akhrameivitch passa mentalement en revue la somme des possibilités:
Il pouvait attendre encore et encore, perché à cette fenêtre, jusqu'à ce que le Prince finisse par sortir, et là, il le descendrait d'une balle bien placée, avant de disparaitre par l'arrière-cour de l'Hotel.
Seconde possibilités; s'introduire dans le Palais sous un prétexte quelconque, et abattre le Prince à bout portant, à coup de pistolet. L'inconvénient majeur de cette solution était évident: Irakli ne sortirait pas vivant du Palais. Il serait rapidement abattu par la Garde Républicaine.
Troisième possibilité: faire entrer le paquet explosif dans le Palais, jusqu'au Prince. Le problème était la minuterie, non règlable. Il faudrait bien calculer son temps.
Le Kaukasien cracha par terre; il n'aimait pas ça, l'incertitude. Il fallait choisir, et vite.
Son "contrat" n'avait toujours pas mis le nez dehors, où alors il avait emprunté la sortie de service qui donnait sur l'arrière.
Cela posait un problème logistique particulièrement insoluble. Si l'homme ne sortait pas, Irakli ne pouvait pas l'abattre, ça tombait sous le sens.
Irakli Akhrameivitch passa mentalement en revue la somme des possibilités:
Il pouvait attendre encore et encore, perché à cette fenêtre, jusqu'à ce que le Prince finisse par sortir, et là, il le descendrait d'une balle bien placée, avant de disparaitre par l'arrière-cour de l'Hotel.
Seconde possibilités; s'introduire dans le Palais sous un prétexte quelconque, et abattre le Prince à bout portant, à coup de pistolet. L'inconvénient majeur de cette solution était évident: Irakli ne sortirait pas vivant du Palais. Il serait rapidement abattu par la Garde Républicaine.
Troisième possibilité: faire entrer le paquet explosif dans le Palais, jusqu'au Prince. Le problème était la minuterie, non règlable. Il faudrait bien calculer son temps.
Le Kaukasien cracha par terre; il n'aimait pas ça, l'incertitude. Il fallait choisir, et vite.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum