- Feodor Pojarski
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Date d'inscription : 06/09/2008
n°39, 17 II 1910
Mer 17 Fév 2010 - 15:07
LE VIGILANT
Exclusif ! Entretien avec l'héritier du trône !
Chers lecteurs, vous tenez entre les mains un numéro hors du commun, car vous y trouverez un entretien avec Son Altesse Impériale le Prince Mikhaïl Nicolaevitch Samsonov, héritier légitime du trône russlave.
Après plusieurs mois de démarches et de contacts secrets, nous avons enfin pu rencontrer celui qui incarne l’espoir et la lumière pour des millions de Russlaves. Nous ne dévoilerons pas le pays où le Prince Impérial a trouvé refuge, car les assassins stipendiés de la République sont à l’affut de la moindre piste.
Mikhaïl N. Samsonov
[i]Comme nous le raconte le Prince avec insouciance et courage, il a déjà été la cible de plusieurs attentats, orchestrés par les dirigeants de la République. « Ils me veulent mort, car ils me craignent ». Tout ce que nous pouvons dire est que le Prince Impérial vit dans une simplicité toute moraine, entouré de quelques fidèles compagnons d’exil.
Accoudés à une grossière table de bouleau, comme on en trouve chez tous les moujiks de notre pays (« une manière de me rappeler le pays » nous dit le Prince), nous buvons de la vodka sans cérémonial.
- Tout d’abord, Prince, nous remercions Votre Altesse Impériale de nous avoir accordé cette entrevue.
- Mais c’est bien normal. C’est un moyen comme un autre de rester en contact avec mon peuple.
- Dites nous, Prince, que pense Votre Sublime Splendeur de la situation actuelle en Russlavie ?
- Elle me fend le cœur. Entendre toutes ces horribles nouvelles me révolte. Partout, ce n’est qu’expropriations, blasphèmes et crimes sanglants perpétrés contre mon peuple par les satrapes écarlates de cette république impie qui mange ses propres enfants ! Je vous avoue que rester ici alors que mon peuple souffre m’est très difficile. J’ai encore reçu récemment la lettre d’un brave moujik de Kostroma, à qui la république a tout pris. Il me conjurait de ne pas risquer ma vie maintenant en revenant au pays, car ma mort serait celle de la Russlavie elle-même. « Vous vivant » écrivait-il, « nous nous accrochons à la vie, dans l’attente du jour où vous reviendrez, non comme un fugitif, mais comme le Gossoudar Imperator, libérateur du peuple ». Cette lettre m’a ému aux larmes, je dois bien l’avouer.
- Je vois que Votre Extraordinaire Naissance porte un simple uniforme de capitaine de ligne…
- Oui, car je n’oublie pas que c’est au champ d’honneur que j’ai le mieux servi le pays jusqu’ici. Ah ! Le doux parfum de la poudre et du sang, alors que, poignée de braves, nous nous élancions à l’assaut des barbacanes turcoses dans l’aube incendiée du petit matin ! Vous auriez vu la tête de ces enfezés, alors que douze diables, le couteau entre les dents, la grenade à la main, surgissaient dans leurs retranchements ! Ah ah, ce que nous avons pu rire quand ce bougre de Gordieï a utilisé son lance-flamme ! Vous auriez vu ces enfezés courir dans la plaine comme des torches humaines ! Aha ! A ce propos, vous passerez le bonjour à Mavriki Saltykov, lieutenant au VIIIe ! Dites-lui qu’il me doit toujours cinquante roubles, le sagouin ! Aha !
- … Euh, certes. Votre Incommensurable Hauteur professe également une solide amitié au prince Pojarski, en qui vous avez pleine confiance pour rétablir la justice et la paix en Russlavie…
- Niet, Pojarski je connais pas. En plus il a peu une tête de métèque non ? Enfin, l’essentiel c’est qu’il travaille à mon retour. Mais c’est pas lui que j’inclurais dans mon gouvernement quand je rentrerais, ça c’est sur. J’prendrais de vieilles gloires sur lesquels je peux me reposer : Sebastopol, Lebronov, Iossif Maï-Maïevski, bref tous les larbins de l’époque de mon père.
- Règnerez-vous à Murasibirsk ?
- Niet. Cette ville est un cloaque plein de raskoliniki, aux rues boueuses et à l’air mauvais. C’est à Gornograd que se décideront les affaires de l’Empire, qui sera celui de la modernité et de l'Occident. Mura', c'est bon pour les aziates et les tcherkesses. Je ne suis pas Mehmet XXVIII, que je sache !
- … Et, dites-nous, prince, quel sera le premier acte politique de Votre Altesse une fois monté sur le trône ?
- J’déclarerais la guerre au Grand Fez ! Ces métèques croient se la couler douce depuis que mon père a été renversé, ah, ils vont voir ! Ils perdent rien pour attendre ! Bande d’enfezés ! Bouffeurs de taboulé ! Païens ! Aha !
-…. Euh, bien, merci Prince pour cet entretien franc et sincère. Je ne vais pas déranger Votre Altesse plus longtemps….
- … Chiens de Turcoses ! Tous des invertis avec ça, je vous dis ! Aha !
Propos recueillis par P.Z. Tarantiev
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