Domaine Romanovski - Campagne de Murasibirsk

Voilà quelques années que le Maréchal Romanovsky s’était retiré de la vie publique. Bien que possédant un hôtel particulier dans le centre du Murasibirsk, il passait le plus clair de son temps dans le domaine familial, à quelques verstes de la capitale.

Ses journées n’étaient que monotonie, agrémentées parfois de quelques dîners mondains, en son hôtel particulier, où, accompagné de son épouse, il recevait d’ancien camarades officiers pour se remémorer le temps des batailles (le Kaukase, la guerre civile, etc.), ou des Kadets avec qui il avait vécu de nombreuses aventures politiques.

Le reste du temps était dévolu à la lecture des journaux, nationaux et internationaux, et à la rédaction d’un ouvrage retraçant la campagne militaire du Kaukase, à l’issue de laquelle il fut nommé Maréchal de l’Empire. Il tentait d’être le plus fidèle possible à la réalité du terrain, n’enjolivant que peu son rôle et c’est aussi pour cela que régulièrement des anciens officiers qu’il avait commandé se retrouvaient en son domaine, pour y apporter leurs souvenirs.

Si le livre était voulu par lui, il n’en était pas moins un prétexte pour rencontrer et sonder les fidèles compagnons officiers qui lui avaient toujours était attaché. Il tenait à connaître le pouls de la population et de l’armée, au cas où… . Il savait pertinemment que la police du Tsar le surveillait jour et nuit. N’était-il pas, tout Maréchal qu’il fût, un homme qui avait, par deux fois (dont une avec succès), tenté de renverser la monarchie ? N’était-il pas l’homme sous lequel des gardes avaient assassiné la famille impériale ? De même, ses sympathies républicaines étaient connues et il ne les avait jamais cachées.

Aussi le travail de recherche pour son ouvrage servait à couvrir ces allées et venues. Le pouvoir ne voulait pas entraver son projet, tant il pouvait leur servir à alimenter le mythe national et donner aux russlaves l’envie de croire que leur pays était un grand pays ! Si la police n’était pas totalement dupe, elle ne pouvait imaginer que cet homme de 52 ans repartirait dans ce genre d’aventure. Ses amis étaient peu nombreux. Les grandes figures de l’époque avaient disparues. Son aura dans l’armée n’était plus si grande, bien que les jeunes officiers connaissent tous son nom et ses compétences pour sa campagne du Kaukase.

Mais voilà, depuis la prise de pouvoir de la junte, en 1919, Romanovsky voyait son pays sombrer dans l’autocratie et la dictature, d’une certaine manière, la situation était encore pire que sous la monarchie constitutionnelle d’Alexandre III. Son sang de républicain ne faisait qu’un tour et son sang de militaire achevait de le faire bouillonner. L’aventure militaire de cette junte et la participation à la Grande-Alliance pouvait faire basculer le pays dans une guerre dont il ne se relèverait pas ! Si la Russlavie était une grande nation autrefois, elle n’a guère évolué et reste une nation de paysans dont la masse dans les régiments de l’armée, compense la faible qualité des troupes.

En ce jour de pâques, le Maréchal recevait à dîner quelques officiers et quelques politiciens Kadet, ainsi que leurs épouses. Au moment des cigares et du whisky, ils se retirèrent dans le salon privé, tandis que les femmes restaient à la salle à manger.

La discussion, comme souvent, tournait autour des vieilles histoires de soldat et de politique, ou alors un tel parlait d’une galante qu’il avait rencontré tandis qu’un autre résumait les ragots de la cours du Tsar. Ceux-ci étaient pour un fois différents. Pas qu’ils fussent nouveau, mais ils étaient évoqué pour la première fois en présence de Romanovksy. « Le Tsar n’a pas toute sa tête, ou il est manipulé » « La naissance du Tsarevitch l’a apaisé, mais il reste confus et indécis » « Il n’est qu’un pantin de la junte ».

Bien que ne portant pas la monarchie au plus près de son cœur, il devait se rendre à l’évidence, que c’était le régime que les russlaves voulaient. Mais entendre que le Tsar n’était qu’un pantin dans les mains d’une clique de dictateurs militaires, ne pouvait le laisser indifférent. Alors, de sa voix, calme mais remplie d’autorité il lâcha cette question :

Messieurs, que pouvons-nous faire pour notre pays maintenant ?

La question résonna singulièrement dans l’esprit du docteur Vedenin tant il n’avait cessé de se la poser lui-même depuis l’avènement de la junte. Ce kareniste de la première heure était en quelque sorte un intru au sein du cercle d’invités présents.

Ayant par ses seuls talents médicaux retiré la balle assassine du crâne autocrate, notre homme était à la fois tenu responsable de la survie du régime tsariste lors des journées extrêmement mouvementées de 1919 et du triomphe de la réaction, celle-ci étant désormais dotée d’un allié de poids en la personne du tsar à la psyché altérée. Les travaillistes lui en voulaient éternellement pour cet acte de miséricorde, les junkers traditionnels l’accusaient d’avoir facilité l’entrisme des mouvementistes au sein du palais des Terems, et ses collègues kadets le soupçonnaient de sympathies personnelles pour la famille Samsonov. Les quolibets et vexations étaient nombreux mais ne faisaient pas flancher ce fils de moujik oudmourte, quand bien même les cercles de l’intelligentsia russlave lui restaient désormais fermés.

Peut-être par bonté, à moins que ce ne soit par simple curiosité, Romanovsky avait consenti à la présence de l’érudit billettiste pour la soirée pascale. Andrei s’en trouva fort honoré : malgré les années, l’aura du Maréchal auprès des kadets de la première heure était encore intacte.

" Les contraindre à des élections générales. " répondit simplement le docteur en tentant de déceler par la fenêtre de potentiels épieurs de l’Okrona " La junte a cru bon de ne pas organiser les élections de janvier malgré l’impératif constitutionnel. Constitution qu’elle n’a jamais suspendue, rappelons-le. "

L’idée pouvait sembler saugrenue tant le " gouvernement d’union patriotique " avait la mainmise sur l’armée et les rouages de l’état. Mais son immobilisme offrait un terreau propice à la contestation par les urnes.

" Les promesses du MNPR sont restées lettres mortes. Les classes populaires enjôlées par le revanchisme s’impatientent de la réindustrialisation promise.
Se présenter sous notre bannière serait risquée... Mais en tant que candidats indépendants, l’Intérieur aurait bien du mal à refuser nos dossiers d'inscription. Depuis tout ce temps, nous commençons à bien connaître les ficelles de la censure. "

La réponse du docteur Vedenin avait ceci de particulier qu’elle était d’une limpidité et d’une simplicité qu’elle n’avait pas jamais été, sinon rêvée, du moins pensée, qu’en terme d’impossibilité. Une junte militaire, n’avait pas grand-chose à faire de la légalité et bien que la constitution ne fût pas abrogée, elle n’était qu’un bout de papier pour ces généraux…

Mais aussi improbable que pouvait être cette idée, elle méritait une réflexion plus approfondie. Après tout, le docteur Vedenin était un fidèle et respectable membre du parti, doté d’une grande intelligence et il savait peser ses mots.

Docteur, je conçois parfaitement qu’un gouvernement démocratique, ou du moins qui partage des conceptions démocratiques, doive se ranger derrière la constitution. Mais la junte n’entre clairement pas dans cette catégorie.

Aussi, qu’avons-nous comme moyens pour faire pression sur la junte afin qu’elle convoque des élections ?

La Douma elle-même ? C’est une farce sans nom… Et, sans faire insulte à cette auguste assemblée, les députés qui la composent ne sont que l’instrument de la volonté de la junte.

Les journaux ? Les seuls encore autorisés à paraître sont à la botte de la junte. De plus, même si je crois à la force de la plume, nous pouvons être certain qu’en face ils préfèreront les armes.

Bien qu’il semblât énoncer des évidences, il voyait qu'exprimer ses pensées à voix haute n’était pas inintéressant…

Quant à un coup de force, qu’il fût populaire ou militaire, s’il reste une éventualité, cela n’apparaît pas comme opportun, tant son organisation et sa formation serait précaire…

Était-ce l’âge ou l’inactivité prolongée, mais le Maréchal ne pouvait s’empêcher de rester encré dans des conceptions qui avaient peut-être fait leur temps. Cependant il n’avait jamais, tout au long de sa carrière, cessé de s’intéresser aux avis des personnes qui l’entouraient.

Aussi, Docteur, nous sommes tous suspendu à vos paroles. Votre idée de provoquer des élections est excellente, certes, mais comment ?

Comment, demandait le maréchal... Il y a encore quelques années, une série de manifestations bruyantes accompagnées de quelques pogroms auraient généralement suffi à forcer la main du gouvernement. Mais celui-ci était alors issu des urnes et répondait par elles de son action. De 1916 à 1919, la Russlavie avait connu quatre années de démocratie parlementaire ininterrompue, un record tristement abrégé par les forces réactionnaires à l’affût. La junte n’était pas née par le scrutin populaire et ne comptait pas en mourir. Quel délire s’emparait donc de Vedenin ?

Il y eut un long silence, puis le docteur, le regard toujours plongé sur les bordures du domaine, répondit en proclamant comme une évidence un nom des plus inattendu.

" Maria-Alexandra. "

Les invités se regardèrent, le visage imprégné d’incompréhension.

" Vous m’avez bien compris, messieurs. La tsarine ! "

La rumeur s’avérait-elle véridique ? Quelques canards de la capitale avaient fait mention dans leurs feuilles d’une relation épistolaire entre le kadet et l’épouse de Mikhaïl II. En réalité, Maria-Alexandra avait proposé fortune et prestige au docteur après que ce dernier ait sorti son mari d’affaire. Elle lui écrivait régulièrement comme on le ferait à cette époque à un proche, correspondance à laquelle Andrei ne répondait que rarement et de quelques mots, refusant un rapprochement avec le cercle du tsar qui avait acquiescé au coup d’état et ainsi piétiné les lois fondamentales.

" Sa Majesté est profondément attachée à son époux malgré la nature parfaitement arrangée de leurs noces. Elle voue une adoration presque obsessive envers tous ceux qui contribuèrent à sauver le tsar du trépas. Jusqu’à présent, ses invitations à des entrevues secrètes au palais m’étant adressées sont restées lettres mortes. Mais... une opportunité se présente désormais. Ce pourrait peut-être nous assurer un accès indirect aux oreilles de Mikha que l’on dit influençable. "

La ruse serait osée, hypocrite et immorale, mais dans la Russlavie autocrate et sclérosée, la fin ne justifiait-elle pas les moyens ?

« Andreï, il nous faut avouer que vous êtes un homme aux ressources insoupçonnées, et dont le carquois ne manque pas de flèches. Mais ce que vous proposez là dépasse en audace ce que nous aurions pu imaginer nous-même ! Approcher la Moldavienne et faire d’elle un instrument au service de nos plans, il faut avouer que cela démontre un certain culot »

Le stratagème qui permettrait d’accéder au plus près de l’autocrate, n’était pas impossible à réaliser. Mais, est-ce que la Tsarine se laisserait « duper » et « manipuler » ? L’audace du jeune docteur Vedenin, n’avait d’égal que l’ampleur de la tâche.

« La Russlavie est un pays mystérieux et il n’est pas impossible que la junte ne soit finalement renversée par une intrigue de cours, ou devrions nous dire, une cabale de chambre à coucher ! »

Le Maréchal avait terminé sa phrase par un éclat de rire sonore, réveillant un vieux cadet, qui s’était assoupi et dont le sursaut acheva de renverser le verre qu’il tenait à la main.

« Voyons, Leonid, mon tapi ne vous à rien fait et mon épouse risque de ne plus vous tolérer ici, si vous prenez la fâcheuse habitude de les tâcher. » Ajouta-t-il en lançant un regard rieur à ce Leonid qui se confondait en excuses.

« Cher Docteur, si vous pensez que c’est la meilleure manière pour que nous rétablissions un pouvoir démocratique et populaire, nous ne pouvons que vous encourager à prendre contact avec Sa Majesté la Tsarine. Et, si des élections étaient convoquées et que nous les remportions, je vous assure que nous ferions tout pour que la légalité démocratique et parlementaire soit rétablie ! »

Une fois encore les événements pouvaient se précipiter et déboucher sur une nouvelle période pour la Russlavie, une période faste si le plan était une réussite. Mais tout pouvait échouer et au mieux le régime actuel se poursuivrait, au pire, le cercle des intimes, ici réuni, se retrouverait en prison ou fusillé… Ce qui n’était pas une perspective des plus réjouissante.

Malgré qu’ils ne complotassent pas contre le Tsar et la monarchie, ils n’en étaient pas moins une association de conjuré dont le but était de renverser la junte et s’ils étaient découvert par les agents du gouvernement, tout ceci aurait de funestes conséquences. Le malaise était palpable chez certain. Andreï Vedenin scrutait toujours par la fenêtre les éventuelles approches de l’Okhrana.

« Mon Cher, ne vous inquiétez pas pour les agents qui nous surveillent. Vous savez, si vous êtes sympathiques avec eux, ils leur arrivent même de rendre service. Par exemple, aujourd’hui, nous leur avons fait concocter le même repas que celui que nous avons partagé, accompagné d’une caisse de vodka. » Regardant sa montre il ajouta « A cette heure-ci, les domestiques doivent débuter le service du dessert. Ils ne sont donc pas en train de nous épier. »

Le danger était d’autant plus important que la police secrète ne répondait plus aux grands pontes de la vieille aristocratie russlave comme le prince Brasnov, à l’influence désormais crépusculaire, mais au redoutable colonel Lionidze que Stroganov avait cru bon d’également placer à la tête de la gendarmerie impériale. L’araignée tissait sa toile et infiltrait les moindres recoins de la société, une vigilance particulière était donc de mise même si la junte ne plaçait naturellement pas les kadets au même rang d’indésirables que les travaillistes et révolutionnaires.

" Nous verrons bien. " conclut Andrei en s’éloignant de la fenêtre " En attendant, si cette conjuration échoue nous devrons nous reporter sur des méthodes plus... traditionnelles. Chercher des putschistes volontaires au sein des écoles militaires, par exemple. Il doit bien y avoir encore quelques aspirants officiers et officiers subalternes admirateurs secrets de Romanovsky et Karenine. "

Le docteur lança un regard plaisantin en direction du Maréchal puis s’approcha d’une desserte recouverte de spiritueux. Il inspecta les étiquettes l’air indécis et termina sur un ton distrait.

" Mmm... Ce ne serait pas la première fois... Et vous aurez la confiance de ce cercle d'invités...Mmm... slivovitz ou kirsch... "

Se servant également un verre de ce riche assortiment de liqueur, il choisit un genièvre, Romanovsky écoutait les « flatteries » de Vedenin. Même s’il était certain d’avoir le soutien de ce cercle d’intimes, il doutait réellement que son influence puisse dépasser ce cercle. Peut-être fallait-il réactiver certains réseaux. Il existait encore quelques officiers et sous-officiers dont la culture les rattachait à la république ou à la monarchie parlementaire. Certains étaient présent aujourd’hui. Des instructions leur furent donnée de prendre contact avec des camarades proches et de se tenir prêt au cas où.

« Mon Cher, je crois tout de même que vous me surestimez. Tant d’années loin de l’arène les gens m’ont oublié. » Dit-il en rendant un sourire mi-rieur, mi-préoccupé à son interlocuteur. « Nous comptons sur vous pour que cette solution ne doive pas être mise en œuvre. La Russlavie n’a que trop souffert des guerres civiles et des purges arbitraires. »

L’après-midi avançait et la jour tombait lentement sur la campagne, vers dix-huit heures, les convives se séparèrent, regagnant leurs chaumières.

« Docteur, je ne saurais que vous enjoindre à faire preuve de prudence, mais paradoxalement, d’audace. Notre Mère-Patrie, mérite tellement mieux que ce quarteron de généraux en mal de progrom ou de torture… Et surtout, nous devons agir dans un avenir relativement proche et éviter que ces va-t-en-guerre ne plonge le pays dans la catastrophe ! »

Voilà de nombreux mois que le Maréchal Romanovsky se morfondait dans sa demeure campagnarde. Les différentes façon d'approcher l'entourage du Tsar n'avaient pas été couronnées de succès, malgré le travail acharné du docteur Vedenin. Le manoir était le théâtre des allée et venue des fidèles parmi les fidèles, cela ne débouchait cependant que sur de longue discussion, intéressantes mais stériles, dans la fumée des cigares et les effluves des liqueurs.

La situation c'était dégradée à la fin de l'année 1921, par la nomination d'un petit général, réactionnaire, à la tête du gouvernement. Un va-t'en guerre dangereux qui ne pourrait que plonger le pays dans un nouveau chaos, alors que tous ne souhaitaient que la stabilité.

Maintenant voilà que le nouveau chef du gouvernement s'attaquait aux hébraïtes, en leur confisquant leurs biens pour financer sa "réforme" sur l'abolition du servage. Ceci allait exciter les mouvements anti-hébraïtes, légitimant leur pensée et faisait planer la menace de nouveaux pogroms.

S'adressant à l'auditoire : Messieurs, le chaos guette encore notre pauvre patrie... Et si cela ne suffisait pas, l'on nous envoie encore une nouvelle plaie, avec le général Golenichtchev, qui va provoquer de nouveaux conflits. Pauvre Russlavie...

Jeu 11 Jan 2024 - 15:36

Les nouvelles allaient plutôt rapidement en générale dans la campagne murasivite, cependant le désintérêt croissant du Maréchal Romanovski pour l'actualité russelave avait fait retardé l'arrivée à ses oreilles de ce qui s'était passé au Palais des Terems. Les domestiques n'avaient pas osé l'importuner, d'autant qu'il était pris dans la rédaction de ces mémoires sur la campagne du Kaukase, débutée il y a trois ans pour couvrir son activité "politique", il s'y était finalement pris au jeu et avait quasiment renoncé à toute activité publique, sinon les mondanités desquelles sont rang exigeait la présence.

Aussi lorsque en cette matinée de janvier, son épouse avait voulu aborder le sujet des évènements, sentant son époux prêt à l'écouter, elle fût tout d'abord accueillie avec froideur. Puis il consenti enfin à l'écouter lors de leur promenade quotidienne l'après-midi, dans le froids des environs du domaine.

A peine rentré au manoir, il s'exclama : Enfin, ce n'est pas trop tôt ! Le Tsar décide enfin de renouer avec les temps nouveaux. Cette vieille baderne de Golenichtchev est renvoyée chez elle et la constitution de 1916, du moins les lois fondamentales généreusement octroyées par le Tsar, il marqua cette dernière remarque d'une forme de dédain, sont rétablie. Où cela va-t-il nous mener ? Qui sait ? Ma chère, faites préparer nos malles, nous allons pour quelques jours nous établir à Murasibirsk, un peu plus près des évènements !

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