- Andrei VedeninBourgeois
- Nombre de messages : 22
Localisation : Kalingrad
Date d'inscription : 03/02/2019
Visite clandestine
Sam 17 Avr 2021 - 2:03
Andrei faisait les cent pas dans sa chambre, alternant son regard entre la ruelle mal éclairée en contrebas de l’hôtel et la vieille horloge kaukazienne trônant sur le poêle éteint. L’opération semblait outrecuidante, folle et tellement grossière ! Il avait répondu à la dernière épître de la tsarine en glissant une proposition de rencontre. Elle avait d’abord suggéré un cadre plus formel, incluant la présence d’autres acteurs clefs dans les journées fatidiques de 1919 auxquels elle vouait la même admiration et reconnaissance. Mais le scientifique avait botté en touche, indiquant être très pris par le travail et ne pouvant que lui consacrer une heure anvancée un vendredi soir. La réponse avait tardé – sans surprise, le cadre étant inconvenant – avant de finalement arriver la veille du retour prévu d'Andrei en Oudmourtie : la tsarine acceptait, mais pour un thé en présence du personnel du palais.
Et le soir promis, l’attente se révéla pareillement intenable. L’heure approchait et toujours aucun fiacre noir ne s’était discrètement pointé pour le cueillir ici, dans cette petite auberge sans saveur perdue dans les rues embrumées de la ville basse. La lettre était pourtant claire et Andrei avait suivit toutes les instructions comme du papier à musique. L’épistolière de renom s’était-elle ravisée ? Un imprévu s’était-il glissé dans l’emploi du temps de l’épouse impériale ? Romanovsky et ses alliés auraient matière à moquer les plans délirants du jeune kadet pour l’éternité. Mais pire que les risées du maréchal, c’est une nouvelle chance pour la démocratie qui s’envolerait !
Soudain, un son étouffé... Une pierre roulant sur le pavé ? Le bruit semblait se rapprocher, un raclement, puis distinctement... le clappement de sabots ? Andrei s’avança vers la fenêtre et vit l’ombre d’une voiture à capote sombre se ranger en dessous d'un lampadaire grésillant. Le cocher impassible siffla d’un grand coup. Par Khrestos, le voilà ! Notre homme soupira puis dévala les escaliers avant de se jeter sur le siège arrière.
" A Gornostaï ! "
Le cocher acquiesça silencieusement en réponse au mot de passe et claqua les rênes du véhicule. Ça y est, pensa son passager. Les dés étaient jetés.
Et le soir promis, l’attente se révéla pareillement intenable. L’heure approchait et toujours aucun fiacre noir ne s’était discrètement pointé pour le cueillir ici, dans cette petite auberge sans saveur perdue dans les rues embrumées de la ville basse. La lettre était pourtant claire et Andrei avait suivit toutes les instructions comme du papier à musique. L’épistolière de renom s’était-elle ravisée ? Un imprévu s’était-il glissé dans l’emploi du temps de l’épouse impériale ? Romanovsky et ses alliés auraient matière à moquer les plans délirants du jeune kadet pour l’éternité. Mais pire que les risées du maréchal, c’est une nouvelle chance pour la démocratie qui s’envolerait !
Soudain, un son étouffé... Une pierre roulant sur le pavé ? Le bruit semblait se rapprocher, un raclement, puis distinctement... le clappement de sabots ? Andrei s’avança vers la fenêtre et vit l’ombre d’une voiture à capote sombre se ranger en dessous d'un lampadaire grésillant. Le cocher impassible siffla d’un grand coup. Par Khrestos, le voilà ! Notre homme soupira puis dévala les escaliers avant de se jeter sur le siège arrière.
" A Gornostaï ! "
Le cocher acquiesça silencieusement en réponse au mot de passe et claqua les rênes du véhicule. Ça y est, pensa son passager. Les dés étaient jetés.
- Andrei VedeninBourgeois
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Localisation : Kalingrad
Date d'inscription : 03/02/2019
Re: Visite clandestine
Dim 25 Avr 2021 - 17:04
Chapeau melon vissé sur le crâne et col remonté, Andrei fut conduit incognito par des ruelles de la capitale jusqu’à une poterne de l’enceinte du palais donnant sur les jardins. Le cocher refusa d’un geste ferme les quelques roubles qui lui furent présentés et repartit aussitôt. Le docteur se placa devant la solide porte en jetant des coups d’œil préoccupés par-dessus ses épaules, mais un brouillard épais ne lui permettait pas de voir la rue pavée et silencieuse au-delà des premiers mètres. Il frappa la cloison d’un coup et attendit. Le judas s’entrouvrit et l’œil d’un homme en uniforme sembla le dévisager un instant avant de le laisser entrer. Ce dernier fouilla aussitôt le nouvel arrivant, confisquant son pistolet, son portefeuille et son carnet de notes.
" Suivez-moi. " dit simplement le garde en refermant lourdement la porte à clef.
Ils marchèrent silencieusement à travers les buissons taillés et fontaines éteintes, gravirent les marches des terrasses successives amenant aux bases de la résidence impériale, et bifurquèrent soudainement vers un côté de l’édifice où se trouvait un accès discret réservé aux domestiques. Ils entrèrent, puis le garde s'approcha d'un huissier présent, lui murmurant quelques mots en pointant du doigt le visiteur. Andrei se sentit à nouveau examiner par un regard inquisiteur et se découvrit la tête en balbutiant les salutations de circonstances. L’employé fit patienter notre homme et décrocha une sorte d’interphone flambant neuf dans lequel il signala l’arrivée de l’invité et reçut les instructions du palais.
" Très bien monsieur, je vous en prie. " dit-il au kadet après avoir raccroché " C’est par ici. "
Le trio gravit deux étages par un escalier de service, traversa une série de salons et antichambres, et s’arrêta dans une pièce à la lumière tamisée disposant de sièges confortables et d’un élégant chariot couvert de livres et de gazettes. Il devait s’agir du boudoir où le rencontrerait Sa Majesté. L'huissier fouilla à son tour Andrei – ultime mesure de précaution avant le début de l’entrevue. La tsarine serait là d’un moment à l’autre…
" Suivez-moi. " dit simplement le garde en refermant lourdement la porte à clef.
Ils marchèrent silencieusement à travers les buissons taillés et fontaines éteintes, gravirent les marches des terrasses successives amenant aux bases de la résidence impériale, et bifurquèrent soudainement vers un côté de l’édifice où se trouvait un accès discret réservé aux domestiques. Ils entrèrent, puis le garde s'approcha d'un huissier présent, lui murmurant quelques mots en pointant du doigt le visiteur. Andrei se sentit à nouveau examiner par un regard inquisiteur et se découvrit la tête en balbutiant les salutations de circonstances. L’employé fit patienter notre homme et décrocha une sorte d’interphone flambant neuf dans lequel il signala l’arrivée de l’invité et reçut les instructions du palais.
" Très bien monsieur, je vous en prie. " dit-il au kadet après avoir raccroché " C’est par ici. "
Le trio gravit deux étages par un escalier de service, traversa une série de salons et antichambres, et s’arrêta dans une pièce à la lumière tamisée disposant de sièges confortables et d’un élégant chariot couvert de livres et de gazettes. Il devait s’agir du boudoir où le rencontrerait Sa Majesté. L'huissier fouilla à son tour Andrei – ultime mesure de précaution avant le début de l’entrevue. La tsarine serait là d’un moment à l’autre…
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