arrivée à Murasibirsk

Pavel n'avait jamais mis les pieds dans la ville de Murasibirsk. le choc culturel avec la Sibérie était énorme. Il se demandait qu'elle pouvait être la durée moyenne de la vie des habitants de Murasibirsk. Il crut même en voir en bonne santé.
Il erra quelque peu avant de se présenter au palais, muni de la convoc l'invitation.

On conduit le bon docteur jusqu'à un vaste cabinet de travail aux larges fenêtres qui donnaient sur la Place de la Transmutation Divine (brièvement rebaptisée "Place Salekine durant l'épisode républicain), où il fut accueillit par nul autre que le baron E.P. Sternberg, le Protonotaire Impérial, qui passait pour l'un des conseillers les plus écoutés du Souverain, et par conséquent l'un des hommes les plus puissants de l'Empire.

- Ah, docteur Pestel ! Je vous en prie asseyez-vous, mon cher ! Je n'ai entendu que du bien de vous, déclara Sternberg avec un grand sourire, tentant de mettre à l'aise son interlocuteur. Mon cher ami Tchitchikov a même rejoint votre parti, c'est dire ! J'ai ici un rapport élogieux du Professeur Pankratov - je crois que vous l'avez rencontré là-bas, dans votre trou perdu à Tobolsk - Il parle de vous en termes tout à fait dithyrambiques ! Chaussant de fines lunettes de fer; je lis ici "Le docteur Pestel a plus fait en un an pour améliorer les conditions matérielles de la population que les autorités provinciales depuis l'abolition du servage". Et ici... "Je crois fermement qu'en encourageant et soutenant des individus proactifs tels que le docteur Pestel, l'Etat ne saurait que renforcer son assise dans les provinces tout en élargissant les réserves d'individus mobilisables..."

Reposant le document et ses lunettes, le baron poursuivit:

- C'est précisément le point qui nous intéresse. Vous lisez la presse, Pestel ? Bien sur que vous lisez la presse, suis-je bête, vous êtes un homme éclairé, un homme du XXe siècle, n'est-ce pas ! Donc vous savez qu'une guerre est imminente ! Contre qui, ça, je ne peux vous le confirmer, mais il est certain que d'ici la fin de l'année, l'armée marchera. Vers l'est, vers l'ouest, vers le sud, vers le nord, ça, je n'en sais rien. Mais nous avons besoin d'une armée au meilleur de sa forme, une armée dont les maladies physiques comme mentales se tiendront à l'écart, un esprit sain dans un corps sain, comme disait Pipéron ! Cela vous semble-t-il exact, docteur Pestel ?

Le baron se rencogna dans son siège, observant Pestel de ses petits yeux de myope.

Pavel écouta avec attention les propos du Protonotaire Impérial. Impressionné du très bon rapport qu'il avait reçu du Professeur Pankratov, Pavel retira ses petites lunettes et les essuya avant de parler. Il était très heureux de voir que son retour dans les grandes idées qui avaient toujours fait la Russlavie lui permettait de continuer son activité. Depuis l'abandon de cette idée d'école nouvelle, les autorités le laissait tranquille.
- Je suis enchanté d'être reçu ici, que dis-je enchanté, honoré, moi le simple médecin sibérien. Les propos du Professeur Pankratov nous vont droit au coeur.
En effet, je me targue de me tenir au mieux au courant des dernières nouvelles, même si la presse met parfois plusieurs jours à nous parvenir. Le dernier vigilant est arrivé 9 jours après sa parution. Ceci étant dit, j'ai en effet appris pour cette menace guerrière. Avec mes collègues sibériens nous avons œuvré à la rééducation de l'homme sibérien, un homme rustre mais costaud. Avec quelques mesures simples, il nous a paru possible d'augmenter l'espérance de vie de ces hommes et de ces femmes. Cela joue pour beaucoup dans un redressement de la Sibérie et de l'Empire. Des hommes vivant plus longtemps et en meilleure santé, ce sont des rentrées agricoles plus nombreuses qui profiteront à l'ensemble de la sainte-Russlavie. Ce seront également des soldats prêts à défendre leur patrie.