Départ pour les protectorats

Gare de Gornograd, le soir du 9 mai 1909.
Entouré de ses plus fidèles conseillers, dont le général Piotr Arkadiévitch Arpakine, Loughinine s'embarque dans un train blindé à destination du Sud.
Son objectif: rejoindre Opessa, en Petite Russlavie, d'où il espère mettre en échec la rapide avancée de Polchak.

Opessa, port important sur la Mer du Grand Fez, constitue le talon d'Achille de la Russlavie. Noeud ferroviaire, la ville commande l'accès aux protectorats de l'Ouest, tel que l'Ukhranie et la Transylvanie, et défend l'entrée du coeur du pays.
Depuis Opessa, on peut atteindre Murasibirsk en moins d'une semaine. Le centre historique de la Russlavie se trouverait immédiatement menacé par la prise de ce verrou.

Tout se jouera donc là. Si Polchak s'empare de la ville portuaire - ou qu'elle lui ouvre ses portes - la république est perdue. Loughinine, à peine soutenu sur ses arrières par un cabinet infiltré par des idéalistes pacifistes, menacé par une mutinerie générale dans les rares régiments constitutionnalistes et affaibli physiquement suite à son amputation, espère un miracle ou la mort.

Pour mener à bien cette mission salutaire, il doit surmonter des problèmes insolubles. Comment transférer à temps en Petite Russlavie les corps d'armée stationnés en Ukhranie? Comment régler la solde de cette armée colossale? Comment la ravitailler dans une région exsangue, secouée par les insurrections paysannes et les pogroms?

Si Kassian Pavlovitch n'a pas encore essayé de s'enfuir pour échapper à ce calvaire, c'est qu'il n'a même pas connaissance d'un dixième des ennuis qui s'opposent au succès de sa tâche.
Mais il est trop tard pour les regrets, car le train se met en marche, en direction de la guerre.