Empire de Sainte Russlavie
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Feodor Pojarski
Feodor Pojarski
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Jeu 4 Fév 2010 - 13:59

Quelques jours avant la collision entre Pojarski et le député Loughinine.

Attablé à la Brasserie St-Pierre, les mains serrées autour d’une tasse de café, Fedor Vassilievitch ressassait les soucis qui occupaient son esprit. Tout avait pourtant bien commencé : l’aristocratie de Mura’ avait fait bon accueil au dernier rejeton de la Maison Pojarski. Excellent comédien et menteur né, « Fedor Vassilievitch » n’avait pas eu de mal à s’intégrer dans la haute’. Ses approximations langagières, ses entorses aux bonnes manières étaient vues comme de sympathiques excentricités rapportées du Belondor, et donc de ce fait du plus haut chic.

Les invitations aux bals, dîners et autres réjouissances ne cessaient de pleuvoir, et c’était justement ce qui posait problème. Naïvement, Fedor Vassilievitch s’était imaginé qu’il pourrait vivre aux crochets de tous ces gens, mais c’était le contraire qui s’était produit : la vie mondaine était horriblement coûteuse. Et les filles qu’on y trouvait étaient à vous rendre fou. Des rivières de diamants, les plus grands restaurants, des heures passées à les faire danser tant bien que mal (Fedor Vassilievitch ignorait à peu près tout de la valse) ou à écouter leur bavardage insipide, et après tout ça, elles osaient encore se refuser à lui ! Il en était réduit à se soulager auprès des putes de la Soubrotchnaïa, ce qui aggravait encore l’état catastrophique de ses finances. Après quelques semaines, Fedor Vassilievitch avait dilapidé entièrement ce que le notaire lui avait donné, ses six mille roubles de rente, et il avait du contracté une usure à un horrible petit hébraïte qui lui avait extorqué un taux d’intérêt proprement abominable.

C’était bien simple, si Fedor ne trouvait pas immédiatement une nouvelle source de revenus, il pouvait dire adieu à sa nouvelle vie. Sans costumes dernier cri, sans équipage, sans argent à flamber au casino, il serait rapidement relégué dans la catégorie des crève-la-faim.

C’est en promenant son regard fatigué sur la foule présente dans la Brasserie qu’il eut l’illumination. Il regardait, avec une moue de mépris, un tas de gros lards du PMLR en train de s’en mettre plein la panse, quand il comprit ce qu’il devait faire. Ces types étaient des moins que rien, des va-nu-pieds, et les voilà qui menaient grand train avec l’argent de leur parti ! Voilà ce qu’il devait faire ! S’inscrire au PMLR, et obtenir un poste quelconque, grâce auquel il pourrait rafler un maximum dans les caisses du parti !
Fedor se leva, enthousiaste, jeta un billet au garçon de salle, et sortit dans la rue. Il prit la direction du siège du PMLR, puis se ravisa. Il se rappela qu’il était censé être le prince Pojarski, dont toute la famille avait été massacrée par les rouges. Son arrivée là-bas serait pour le moins incongrue. Ou aller alors ? Mais bien sur ! Chez les badernes tsaristes ! Fedor changea de direction et pris la Rymski Schosse, en direction de l'hôtel Konrad, cercle bien connu de tsaristes. Encore quelques pas, puis il s’arrêta à nouveau. Avant de se présenter chez les tsaristes, il devait préparer son entrée…


Le lendemain, à l'hôtel Konrad.

L’aboyeur annonça d’une voix forte :

- Le prince Pojarski !

Les conversations se turent, les têtes se tournèrent vers le nouveau venu. Le baron Sternberg, que Fedor Vassilievitch avait croisé la semaine précédente au bal de la Comtesse K. se leva, et vint à sa rencontre, suivi par d’autres de ces vieux junkers réactionnaires aux temps grisonnantes. On lui fit bon accueil : unique survivant d’une illustre famille exterminée par les rouges, il était un symbole de la Russlavie Eternelle, pardon, Immortelle, selon la nouvelle théorie scientifique à la mode, le Pankratovisme.
Fedor Vassilievitch supporta sans broncher toutes les inepties que les vieux boyards lui susurraient de leurs voix grinçantes. Il s’arrangea pour parler le moins possible à ceux qui assuraient avoir bien connu son « père » et qui entendaient partager avec lui des souvenirs du temps jadis. Après plusieurs heures d’une conversation aussi mondaine qu’insipide, on en vint enfin à ce qui intéressait le prince Pojarski : son intégration au sein du parti.
D’un air affecté et larmoyant, le baron Sternberg pris la parole :

- Bien sur, nous ne désirons rien tant qu’employer vos énergies au service de la cause, prince… Notre cher Narychkine, le trésorier du parti pour la région de Murasibirsk, nous a quittés cette nuit…Un accident tragique impliquant un ruban de soie… Un jeu qui aurait mal tourné… Enfin peu importe, nous vous proposons de lui succéder, prince.

- Oh, ça alors, quel malheur ! s’exclama Pojarski, en se remémorant sa petite visite nocturne chez le vieux Pavel Pavlovitch Narychkine. J’ignore si je suis digne de succéder à un si grand homme que le conseiller Narychkine, mais soit, je ne me déroberais pas à l’appel de ma patrie. J’accepte.
Feodor Pojarski
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Ven 5 Fév 2010 - 15:39
Fedor Vassilievitch avait commencé à s’impliquer dans les luttes intestines qui déchiraient les boudoirs tsaristes. Il manipulait totalement le vieux Sternberg depuis qu’il avait découvert son péché mignon, les jeunes adolescents. Il fournissait au vieux barbon des éphèbes ramassés dans les bas-fonds. Sternberg lui était devenu totalement acquis, tant par dépendance aux mignons que Fedor lui livrait que par la crainte, subtilement distillée, qu’un jour il divulgue ses penchants déréglés à la bonne société.

Fedor Vassilievitch s’était rapproché des participationnistes, qui militaient pour que le parti joue le jeu républicain et participe à la vie politique républicaine. Pour Fedor, le calcul était simple, et avant tout alimentaire : les financements de la droite tsariste n’étaient pas inépuisables. Seul l’accès au pouvoir permettrait de s’en mettre plein les poches de manière régulière, comme le faisaient les bourjouis du PCD et les gorets du PMLR.
Feodor Pojarski
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Mar 9 Fév 2010 - 21:10

Le baron Sternberg poussa un petit cri effrayé et jeta loin de lui l'exemplaire du Vigilant que l'instant d'avant il parcourait d'un air dégouté. S'adressant aux membres du parti présents, il se lance dans une furieuse et bourgeoise diatribe contre les dernières actions irréfléchies du prince Pojarski;


- Une Manifestation ? Mais Pojarski a-t-il perdu la tête ? Et ces histoires de Jatonnais ? Si elles s'avèrent infondées, le Vigilant pourrait bien être obligé de plier boutique, et nous serons éclaboussés de ce scandale ! Où est Fedor Vassilievitch, il faut qu'il réponde de ses actes !


A ces mots, les portes du salon blanc de l'hôtel Konrad claquent brutalement, et un exemplaire du Correspondant de Somorkonde vole à travers les airs, pour s'écraser sur le plastron du replet baron Sternberg. Entre le prince Pojarski, un sourire narquois aux lèvres, et toujours cette étrange fixité hallucinée dans le regard, qui met les gens mal à l'aise et fait taire les conversations.
Pojarski, en trois enjambées, traverse la salle et saute d'un bond sur la table qui y trône en son milieu. Le baron Sternberg, outré, agite le tas de feuilles de mauvaise qualité, éprouvé par le voyage depuis le Kaukaze, qu'il a reçu de plein fouet l'instant d'avant. Comme pour répondre à son interrogation muette, Pojarski s'exclame:


- Le Correspondant de Somorkonde, messieurs !

J'ai enfin réussi à m'en procurer un, et il confirme dramatiquement ce que le Vigilant avait prédit avec une prescience étonnante ! Les Jatonnais sont à Somorkonde ! L'Empire à l'encan ! La Russlavie dilacérée !

A l'heure où la république impuissante montre son incapacité flagrante, il faut agir ! C'est pourquoi j'assumes entièrement les appels à l'agitation lancés par le Vigilant.

Vous devez comprendre ceci, messieurs: la république est faible et fragile: elle a commis l'erreur de s'engoncer dans un parlementarisme abscond et improductif, ce que le peuple ne comprend pas. Le peuple veut du pain, de la sécurité et de la fierté, peu importe que cela se fasse par la violence ou la procédure démocratique. Et, à la rigueur, j'ose affirmer que pour notre peuple, c'est encore mieux quand ça se fait dans la violence !

Ayez confiance, personne ne se battra pour le Code Pénal de Romanovsky ! Mais le peuple se battra pour la terre ! Lançons le soulèvement des masses rurales, et promettons la réforme agraire, ici et maintenant !


Le Comte Apraksine, l'un des plus grands propriétaires de Russlavie, s'insurge:

- Comment, donner nos terres à la canaille ? Etes-vous donc un bolchevik des champs, monsieur ?

Pojarski éclate d'un rire méprisant, et rétorque, triomphant:

- Que non, petit comte ! Que nous coûte-t-il de la promettre, cette réforme ? Il sera bien assez tôt d'y penser quand nous serons au pouvoir !

Sur ce, messieurs, j'ai une marche à organiser ! A plus tard !
Merkoul I. Pankratov
Merkoul I. Pankratov
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Sam 13 Fév 2010 - 16:39
L'éminentissime professeur Merkoul Ippolitovitch Pankratov, fameux archéologue, paléontologue et mythologue, taliniste invétéré, second juriste du pays après l'insurpassable Iakovlev, agronome et architecte de renom, pionnier de l'aviation, découvreur des Pygmées port-bananiens, inventeur d'une méthode de coloration des photographies et des bobines filmiques, éditeur, journaliste, breveté colonel d'artillerie, blessé deux fois en 1897 pendant la Guerre des Mers Jaunes contre le Jaton, décoré de la Croix Rozannov, se présente solennellement, en grand uniforme et portant toutes les décorations, médailles, insignes qu'il a reçu durant sa vie, devant le siège du nouveau Parti Impérial Russlave.

Si le sang qui coule dans les veines du professeur n'est pas bleu, il n'en est pas moins un ardent défenseur de la Patrie de tous les Slaves, la Sainte Russlavie. Enthousiasmé par le soudain entrain des junkers, rassemblés en un seul grand parti, et par la formation de corps francs (il s'était lui-même inscrit, à l'époque de l'Amiral Sebastopol, dans le corps franc "Imperatriza"), il compte soutenir ses confrères de classe.


- Merkoul Ippolitovitch, serviteur !...
J'aimerais mettre mon bras au service de la révolution monarchiste ! Vive le Tsar Nicolas I !
Mettons à bas la dictature de Viktor Ahmadovitch Medjelev et de Leonid Pederastovitch Godinnik !
Feodor Pojarski
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Sam 13 Fév 2010 - 17:34
Un grand brouhaha suivit cette déclaration fracassante. Une foule d'uniformes médaillés et de fracs encravatés s'agglutina autour de l'illustre arrivant, chacun rivalisant de courbettes verbales devant le grand esprit qui avait daigné descendre de son Olympe intellectuel pour prêter sa fertile cervelle "au service de la révolution monarchiste".

Fedor Vassilievitch se trouvait dans une pièce attenante, feuilletant distraitement un catalogue de lingerie féminine; il ne se déplaçait jamais pour accueillir les nouveaux arrivants, car, eh bien, n'était-il pas prince ? Il laissait ces questions de basse intendance à ce vieux pédéraste de Sternberg. Un rien dérangé par la clameur mondaine qui affligeait ses délicates oreilles, Fedor Vassilievitch se replongea dans ses lectures, mais les miaulements enamourés du baron Sternberg et les exclamations éraillées du prince Bestoujev l'en sortirent bientôt.

Intrigué, Pojarski se décida à aller voir. Se frayant un chemin sans ménagement à travers la presse de Junkers, il parvint jusqu'à la cause de toute cette effervescence, un vieux monsieur à la barbe imposante. Fedor s'en rendit compte tout de suite, il ne s'agissait pas, et de loin, de l'habituel officier alcoolique et ruiné qui composait l'essentiel des nouveaux membres du PIR.

Fedor Vassilievitch vissa un sourire rayonnant sur son visage, et tendit une main franche et sincère au nouvel arrivant:


- Bienvenue à vous, Merkoul Ippolitovitch ! Fedor Vassilievitch, serviteur, monsieur ! Vous, parmi nous ! C'est trop d'honneur ! dit-il avec un enthousiasme vibrant, bien qu'il n'eut pas la moindre idée de qui pouvait bien être ce Merkoul Ippolitovitch, sinon quelqu'un d'important.
Feodor Pojarski
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Mar 16 Fév 2010 - 9:44
Les portes de l'hôtel Konrad s'ouvrirent en grand, avec violence, et Rioumine, le rédacteur en chef du Vigilant entra en courant par petits bonds éperdus, tenant un papier à la main.
Priap Kolossievitch Rioumine, contrairement à ce que son patronyme pouvait suggérer, était un petit homme malingre et efflanqué. Il se précipita à travers la foule des Junkers, et vint s'écraser sur le poitrail du prince Pojarski, agitant toujours le papier froissé qu'il tenait:


- Sauvez-nous, Votre Haute Noblesse ! Une convocation ! Devant la cour fédérale ! Il y a eu plainte ! C'était fatal ! Prévisible ! Assuré ! Votre Haute Noblesse, j'ai suivi fidèlement vos instructions, que dois-je faire à présent ? Qui nous défendra ! J'ai besoin d'un avocat, Votre Haute Noblesse !
Merkoul I. Pankratov
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Mar 16 Fév 2010 - 13:35
- C'est un scandale ! tonna le très respectable professeur Pankratov, imposant ce jugement - de valeur académique - à toute l'assemblée et au-delà, à toutes les Russlavies. Il est vrai que rien n'était trop grand, trop cher ou trop osé pour ce propriétaire foncier richissime, tête brûlée de la Science et explorateur infatiguable. S'il était une chose qu'on pouvait toutefois lui reprocher, c'était seulement un petit trait, parfaitement minime, de son caractère : sa tendance quasi-maladive de raconter des anecdotes biographiques insupportables au premier venu. Il était capable, et tous ses étudiants le détestaient pour cela, de vous sortir n'importe quelle historiette personnelle, particulièrement indigeste, dans les situations les plus improbables. Son éminent collègue, le professeur Freudine-Freudov, avait déjà diagnostiqué la cause du mal : les incroyables associations d'idées de son cerveau malade, usé par les effluves nauséabondes des régions tropicales de Port-Banane, où il avait séjourné dans sa jeunesse.

Et c'était justement vers cette contrée-là que l'emportait maintenant son vieil esprit, s'éloignant subitement de la foule des officiers alcooliques et princes déchus qui l'entourait :


- Les immondes machinations de notre Premier Ministre honni me rappellent les frasques du Maréchal-Président Philémon Bonaventure Pentecôte, le sanguinaire tyran qui dévasta la République de Port-Banane en 1866 ! Invité à sa table afin d'être remercié pour mon concours scientifique à l'amélioration des techniques de culture bananière et ma dangereuse exploration du plateau de l'arrière-pays - où, je vous le rappelle, j'avais découvert une tribu de nains anthropophages ! -, on me fit l'affront de me servir sur un plateau la tête du rédacteur en chef du Planteur Nègre, un journal progressiste qui avait formulé une critique argumentée quant à mon projet de déforestation totale de Port-Banane; critique que, en homme civilisé - bref, en Russlave -, j'avais acceptée. Voyez où mène la soif de pouvoir ! Quand arrivera-t-il la même chose aux honnêtes journalistes de la seule feuille critique du pays, l'excellent Vigilant ?

L'assistance respirait... Le professeur avait réussi à raccorder son anecdote aux événements présents.

- Prince, enchaîna Pankratov en s'adressant à Pojarski, vous devriez engager un des meilleurs avocats de la nation pour nous défendre de cette agression tyrannique. Si Iakovlev, momentanément compromis par ses accointances avec la clique niviakoviste, ne fait pas l'affaire, peut-être que l'éminentissime Iossif Iossifovitch Maï-Maïevski, l'avocat des opprimés, le défenseur des persécutés de tous les régimes, se lèvera pour démolir Viktor Rachidovitch Medjelev !
Feodor Pojarski
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Mar 16 Fév 2010 - 16:43
Cette dernière proposition fut accueillie par quelques grognements: Iossif Mai-Maievski n'était pas populaire, et de loin, dans les cercles tsaristes; "comment, confier nos affaires à ce vieux ploutocrate ?", "Il a défendu Chliandropov, un révolutionnaire !". Un jeune officier à l'air particulièrement éméché suggéra même, dans un chuchotement parfaitement audible, que Pankratov était manifestement aussi sénile que Mai-Maievski l'ancien.

Le baron Sternberg se dressa en s'appuyant un peu plus longtemps que nécessaire sur l'épaule d'un jeune junker aux joues roses, et fit taire les protestations:


- L'idée du professeur est brillante ! Rappellez-vous, messieurs, qu'à présent, nous sommes les révolutionnaires, les opposants, les opprimés ! Les fronts se sont renversés. Iossif Mai-Maievski est le choix idéal.

Le vieux pédéraste se tourna ensuite vers Pankratov, et d'une voix enamourée, poursuivit:

- Mais il est une autre sommité que votre modestie vous a empêché de citer, Merkoul Ippolitovitch: au sommet de l'intellect russlave, aux côtés de Iakovlev et Mai-Maievski, il y a vous, Merkoul Ippolitovitch ! Nous savons que votre génie ne connait aucune limite, et que le droit fait partie de vos innombrables terrains de jeu. Je vous en conjure, joignez vous à Iossif Iossifovitch pour défendre le Vigilant. A lui les arguties et la chicane, à vous la conviction et l'éloquence digne de Pipéron et Démagosthène !

Fedor Vassilievitch hochait la tête, les yeux plissés: les choses allaient bien, et même très bien. Ce Merkoul Ippolitovitch semblait être un homme plein de ressources, et de plus, il avait tout de suite compris que c'était lui, Pojarski, la puissance montante au sein du PIR, plutôt que ces vieux fantoches de Sternberg et Bestoujev.

Il approuva avec un enthousiasme authentique les propos de Sternberg, et s'exclama d'une voix triomphante:


- Eh bien messieurs, trinquons à la première défaite que nous allons infliger à la tyrannie Medjeleviste !

Un domestique s'empressa d'apporter un chariot sur lequel se trouvait un assortiment de bouteilles aux étiquettes vénérables et désuètes.
Merkoul I. Pankratov
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Mer 17 Fév 2010 - 13:50
Alors que l'assistance, aspirée par la force d'attraction de l'alcool, déplaçait son centre de gravitation vers le chariot encombré de bouteilles, le professeur Pankratov en profita pour tirer les oreilles du jeune officier qui avait osé mettre sa santé mentale en doute. Ce dernier voulut se débattre, mais le combat se révéla inégal : lui-même était fortement éméché, et l'éminent Pankratov, d'une stature relativement imposante, s'était entraîné toute une vie à cette exercice. Malgré les protestations étouffées du jeune malotru, ses oreilles furent donc violemment malmenées.

Après cette démonstration de son autorité académique - la poussière des craies avait laissé de grosses traces sur l'uniforme et la casquette de la victime - la barbe du professeur pivota vers Pojarski et ses deux créatures, Sternberg et Bestoujev.

Pankratov était trop vieux, trop expérimenté, trop remercié, trop décoré, trop médaillé - en deux mots : trop éminent - pour encore faire preuve d'une quelconque forme de modestie. L'humilité, comme il s'apprêtait à l'expliquer à travers un passage autobiographique, l'avait quitté en 1878, aux confins du Mnibet :

- Je suis indigne, Excellences, de défendre le Vigilant aux côtés de l'excellent Iossif Iossifovitch. Mais voyez-vous, l'humilité m'a déjà perdu une fois.

Le regard du professeur se brouilla.

- C'était en automne 1878. Je me trouvais alors à quelques kilomètres seulement du plus fameux et plus riche monastère bouddhinste du monde, au coeur d'un mystérieux royaume montagnard, dans les régions sauvages du Sud-Est de la Terra Nova. Ses toits, étincelants d'or et de diamants, s'offraient déjà à ma vue. Mais je fus soudainement pris de doutes. Ce monastère vivait à l'écart de toute civilisation depuis plusieurs millénaires, et je n'osais plus, aussi surprenant que cela puisse paraître, m'introduire en son sein, de peur de déranger la béatitude enfantine de ses moines primitifs. En plus de cela, nous nous trouvions illégalement dans ce royaume des montagnes et étions sans cesse à la merci de brigands sans foi ni loi. Je décidai donc d'arrêter notre progression et de rebrousser chemin en direction des plaines.
C'était une erreur, car deux ans plus tard, un bandit noordzeelandais (avec l'aide des plans de mon expédition !) retrouva ce monastère isolé et le pilla de fond en comble, déportant les moines dans son pays natal, où ils furent exposés dans un zoo humain et moururent en l'espace de quelques mois...

Le professeur, sous les regards mi-admiratifs mi-craintifs de son auditoire, émergea à nouveau de son rêve...

- Bref, j'accepte votre proposition, Sternberg ! Je défendrai le Vigilant et l'honneur de la Sainte Russlavie et du journalisme objectif !
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