Vladimir Igor Grozniak en Russlavie

Vladimir Igor Grozniak, habillé d'une longue veste marron, une valise à la main et une pipe à la bouche, arrive devant le guichet de l'immigration. Il dépose sa demande devant un fonctionnaire plutôt endormie. C'est vrai qu'aujourd'hui, c'est une journée très calme et vide. Il essaye de réveiller le "paresseux" avec quelques petits bruits, en vain.


Nom : Igor Grozniak

Prénom : Vladimir

Provenance : La République Autonome de Wombatah, une cité-Etat indépendante et presque inconnue.

Localisation ( l'une des six provinces ) : Murasbirsk

Profession/Qualifications : Vladimir à fait une licence en science politique philosophique, son service militaire pendant deux ans comme sous-officier, ainsi qu'une formation en littérature option cinéma. Il est actuellement écrivain, historien, philosophe et jeune politicien amateur.

Projets : Participer à l'amélioration de la culture et de la politique Russlave.

soyez le bienvenu

Merci monsieur. Puis-je savoir qui vous êtes ?

Le fonctionnaire du recensement, qui s'est réveillé en secouant ses favoris gris, attrape mollement le formulaire de l'immigré Vladimir Igorevitch.

- C'est en ordre, Vot' Haut' Noblesse ! Et voici encore votre attestation de russlavification. dit-il, lui jetant un petit papier brun à la figure. Et veuillez s'il-vous-plaît encore signer ce document-là, Vot' Haut' Noblesse. exige-t-il, lui fourrant sous le nez un document se situant à mis-chemin entre la profession de foi cathodoxe et le serment de fidélité à l'Autocrate Konstantin Ier. Je crois que c'est bon... Ah, non, signez encore là !... et là aussi ! Après un petit moment d'hésitation... Oui, et n'oubliez pas de vous présenter à la caserne St-Wolodymir : tous les citoyens sont astreints au service militaire obligatoire ! Voilà, bonne journée, Vot' Haut' Noblesse !

Le fonctionnaire, tout aussi frappé d'étonnement par la subite présence du docteur Pestel dans ses bureaux que par la scandaleuse ignorance de Vladimir Igorevitch à son adresse, éructe aussitôt :

- Hein? Vous ne connaissez pas Pavel Ivanovitch, le grand libéral sibérien? Mais vous ne lisez donc pas les journaux, Vot' Haut' Noblesse ! Faites-moi plaisir et achetez "Le Vigilant" - deux kopecks - sur le Krasstchenko Prospekt !

- Et bien, tant de signature que ça ... dit Vladimir au fonctionnaire.
- Désolé de ne pas avoir lus les journaux de votre pays, je viens juste d'arrivé. Mais je compte m'informer juste après les formalités.
Il se gratta la tête en réfléchissant sur la question du service militaire.
- Suis-je vraiment obligé de faire un service militaire ? J'ai déjà fais mon service militaire pendant deux dans mon pays natal.

- C'est que ... Je ne suis pas contre de faire mon service militaire. Mais ayant déjà fais mon service deux dans l'armée de mon pays comme officier, je pense avoir déjà fais mes preuve militairement."
Gêné et mal à l'aise de voir autant de monde voulant l'envoyer à l'armée, Vladimir ralluma sa pipe.
- Pour ce qui est du patriotisme militariste, j'en ai déjà eu assez a faire avec mon ancien pays. Mais je suis prêt a aider la Russlavie, quelques soit le travail.

- Z'avez fait vos preuves militairement, Vot' Noblesse? Z'êtes officier? s'exclame Parfione Innokentievitch. Mais alors, z'avez même plus besoin de passer par le recrutement réglementaire ! J'vous inscris immédiatement dans le 145e murasovite - c'est un régiment de mitrailleurs, et il part pour le front kaukazien dans quelques jours, j'crois... 'ttendez... il ajuste ses lunettes sur son nez rouge, éclaté par l'abus d'alcool, et fouille dans les papiers de son bureau... Ah j'vois : dans exactement cinq heures, gare de Pazan !

- Faut pas perdre une seconde, Vot' Noblesse : voici votre ordre de marche et votre brevet de caporal ! lui hurle comiquement un troisième tchinovnik en bousculant Grozniak vers la porte. C'est le lieutenant de police Czernin qui va vous y diriger, z'allez voir ! lui explique-t-il en montrant du doigt un imposant gendarme, assis au fond de la salle, qui caresse son sabre d'apparat et fixe le pauvre Igorytch d'un regard mauvais.


C'est le moment de sortir les roubles-papiers de son portefeuille !...

- Que ... Quoi ?

Vladimir Igor Grozniak se sentant obligé de partir pour la guerre dès son arrivé en Russlavie par l'administration, il va de se pas voir ce fameux policier.

- Bonjour. Voici mes papiers monsieur le lieutenant. On viens de me mettre dans le 145ème murasovite en tant que caporal dit-il d'une voix noble, mais attristé.

- Ah oui, monsieur, la vérité la plus vraie ! J'y étais, à la bataille de Mitrovsky ! Et c'est alors que les monstrueux engins blindés des rebelles krasschenkistes chargeaient, répandant mort et effroi que, n'écoutant que mon courage, je...

Les deux hommes venaient seulement d'arriver rue des Ecoliers-martyrs-de-Novolensk, mais il semblait à Vladimir Grozniak que son cerbère, le lieutenant Czernin, parlait depuis des heures, des jours, une éternité. Aussitôt sorti des bureaux de l'immigration, le pandore s'était mué en cicerone: lustrant d'un geste élégant ses moustaches qu'il avait avantageuses, Viktor Karlovitch Czernin s'était jeté à brûle-pourpoint dans le récit échevelé de ses innombrables prouesses militaires, coups d'éclat glorieux, entrecoupant ses pétillantes anecdotes d'observations géographiques ou architecturales fort érudites, heureux de faire les honneurs de la plus belle cité du Micromonde à un nouveau compatriote.

- Les Jatonnais ? hurla Czernin, en réponse à une question que Grozniak n'avait pas posé, les Jatonnais ? Si j'en ai vu ? Et comment ! Dans le Kaukaze, oui, parfaitement. Et si Sa Haute Clarté le Maréchal Romanovsky avait approuvé le plan audacieux et brillant de votre serviteur, je puis vous assurer qu'aujourd'hui vous ne seriez pas là, en route pour ce trou du cul de l'Empire !

Constatant la mine attristée de son compagnon de route, Czernin abattit sa lourde pogne sur l'épaule de celui-ci dans un geste qui se voulait consolateur:

- Mais, mais ! Mon ami - car nous sommes amis, n'est-ce-pas -, prenez courage ! Ce n'est pas si terrible que cela, le Kaukaze ! On y mange très bien, si on aime la chèvre.

Le hasard (?) voulu qu'à ce moment précis, les deux hommes dépassaient l'angle de la Lebronovsk Schossé et du square Andronik II, ce qui devait fatalement les amener à passer devant la devanture de "Monsieur Paul", comme le sait tout bon Murasovite. Un air de ruse passa dans les yeux rougis du lieutenant de police Czernin;

- Mais, mais... Que diriez-vous d'un bon déjeuner, Vladimir Igorevitch ! Je suis sûr que vous ne voulez que le meilleur pour votre ami Viktor Karlovitch, n'est-ce-pas ?

Avant que Grozniak ait pu dire quelque chose, les deux hommes étaient attablés devant la meilleur table de Monsieur Paul. Czernin commanda immédiatement une bouteille du meilleur champagne de la maison, précisant au garçon soupçonneux que c'était son ami qui payait et qu'il avait les moyens, oh ça oui, il était prince ou pan palonien ou quelque chose comme ça.

Faisant claquer bruyamment sa langue, Czernin s'exclama d'un air matois:

- N'est on pas bien ici ? Qui sait combien de temps peut durer un déjeuner, quand on est reçu comme des rois ? Des heures, sûrement. Une journée entière, même. Tout à fait le genre de chose qui vous fait rater votre train. Votre train pour le Kaukaze, par exemple. Estimant avoir été assez clair, Czernin adressa un clin d'oeil à son commensal et attaqua immédiatement les blinis et le champagne qui s'étaient matérialisés comme par magie devant eux.

Vladimir comprit le petit stratagème du policier, et mangea lentement avec un malin plaisir.

- Vous savez mon cher, je n'ai pas eu la chance d'avoir eu une vie aussi remplie que la votre dit-il, même si Vladimir c'est presque endormis dans le monologue du policier.

- Mis à part avoir passé une bonne partie de m vis dans une petite république, passé de longue études, et être éduqué par une famille spéciale, je n'ai pas grand chose a dire.

Vladimir continua de manger, toujours avec le sourire, en espérant réellement rater le train pour le Kaukaze.