Menchikov au PMLR

L'annonce de l'accord historique passé entre le gouvernement impérial et les autorités merksistes de Sibérie avaient permis au PMLR de sortir de la clandestinité.

Iraklion Dmitrievitch Menchikov, qui avait passé la guerre civile à se cacher courageusement dans le grenier de ses parents à Opessa, jugea que la situation était suffisamment sûre pour qu'il puisse revenir à Murasibirsk et pousser la porte du siège du PMLR, où les militants, les syndicalistes et les intellectuels se rassemblaient à nouveau. A présent que le régime czariste avait autorisé la démocratie, le PMLR était, Menchikov en était convaincu, le parti de l'avenir. Les élections prochaines le propulseraient sans aucun doute au pouvoir et Menchikov entendait bien monter dans le train en marche.

- Bonjour, tovaritchi !

C'est moi, Menchikov Iralion Dmitrievitch, pour vous servir !

Nul ne semblait savoir qui il était. Ses mérites d'avocat (n'avait-il pas défendu Loughinine lors de son procès d'Opessa ?), de député (n'avait-il pas siégé comme indépendant sous la République ?) et d'écrivain (n'avait-il pas écrit un "Réquisitoire contre le siècle" de 3.000 pages qui pourrissait dans le grenier de la maison parentale ?) ne lui avaient apparemment pas apporté la notoriété qu'il avait espéré. Les membres du Parti ne semblaient plus en avoir que pour Litovski et les Valdiskes. Bon, se dit Menchikov, il allait donc falloir gravir les échelons du PMLR un à un...

Si le siège du PMLR avait été déplacé à Tobolsk, capitale de la Sibérie merksiste et symbole de la Révolution russlave, le siège de Murassibirsk avait conservé une certaine influence au sein des milieux merksistes et le président de la section locale, Leonid Denoïsky, était un homme respecté et écouté par le pouvoir sibérien. C'est lui-même qui vint accueillir le nouvel adhérent, qui venait de remplir une "fiche de renseignements". Le président avait constaté que l'homme était un intellectuel ce qui, s'était dit Denoïsky, serait bien utile au Parti alors que les élections approchaient. Il le conduisit à son bureau pour lui faire une proposition qui, il en était sûr, Iraklion Menchikov ne refuserait pas.

- Bienvenue au Parti merksiste-luniniste russlave, la force du peuple, camarade Iraklion Dmitrievitch !

Nous recevons chaque jour de nombreuses demandes d'adhésions, mais ce que tu as rempli sur ta fiche m'a intéressé. Je vois que tu as de l'expérience en politique, camarade. Eh bien, tu es exactement l'homme qu'il faut au Parti ! Nous avons besoin de camarades pour représenter le Parti lors de la campagne électorale. Je peux te mettre en contact avec la commission des élections à Tobolsk qui pourra te confier la campagne dans le secteur. Qu'en dis-tu, camarade ?

- J'accepte avec joie, camarade ! répondit Menchikov. Avec votre soutien et celui de nos camarades sibériens, j’emmènerai le parti à la victoire dans la province de Murasibirsk ! Le parti recevra-t-il également du soutien de la RPV ? Nous en aurons bien besoin pour combattre la propagande tsariste !

Denoïsky se demanda ce qu'il était autorisé à dire au nouvel adhérent. Il n'était pas encore sûr de sa loyauté et il pourrait rapporter aux tsaristes ce qu'il lui avait dit. Il décida que Menchikov serait quand même loyal et lui répondit.

- Je pense que nous aurons leur soutient, les merksistes de l'Archipel doivent s'entraider si nous voulons que nos idéaux triomphes. L'arrivée de Litovski à la tête du Parti et de la Sibérie a un peu refroidit nos relations, mais la cause merksiste est au-dessus des manœuvres politiciennes.
Je parlerai de toi au camarade-secrétaire-général Litovski, il devrait donner son accord et tu seras officiellement l'artisan de la victoire du merksisme dans la capitale.

Camarades, le gouvernement semble trainer à organiser les élections qu’il a promis ! Ne devrions-nous pas engager des démonstrations de masses à travers le pays pour mettre la pression sur le tsar ?