Convocation au Palais d'Hiver

Anton Godinnik arriva enfin au Palais d'Hiver... Il présenta ses documents d'indentité aux gardes, qui le connaissaient comme ancien Ministre de l'Intérieur et le laissèrent passer...

Une fois à l'intérieur du Palais d'Hiver, un majordome l'accueillit et il fut guidé par celui-ci à travers le dédale de ce lieu. Ils arrivèrent dans une antichambre, où l'attendaient deux hommes devant lesquels s'effaça le majordome... Il s'agissait d'agent de l'Ochrana... Anton le savait bien pour avoir dirigé cette organisation...

- Messieurs, bonjour, je suis ici à la demande du Tsar, comme vous, je suppose...

Les deux hommes se regardèrent et sourièrent:

- Bonjour Monsieur Godinnik, vos papiers s'il-vous-plaît...

Anton ne se formalisa pas de voir ces hommes lui confisquer ses papiers... Il connaissait bien le fonctionnement de la machine...

Il se retourna quand il entendit qu'on le saluait...

- Monsieur Dimitrievitch, cela faisait bien longtemps!

Anton et Sergueï se serrèrent la main.

- Monsieur Dimitrievitch, vous savez sans doute la raison de ma présence ici, l'on vous dit assez proche du Tsarevitch... Je viens rendre compte de mon "anti-patriotisme", du moins celui auquel croit Sa Majesté le Tsar...

Anton soupira et se frotta le front énergiquement

- Voyez-vous, Sergueï, je crois que notre pays ne va pas très bien, et le sursaut d'énergie que je mets à tenter de sauver ce qui peut l'être me vaut d'être taxé d'anti-patriotisme et me fait poursuivre par l'Ochrana... Qu'y comprenez-vous?

-Voyez-vous, Monsieur Godinnik, votre journal a fait plusieurs erreurs fatales... Premièrement vous mettez en cause la guerre contre la Turcosie, vous dénoncez les manières de faire du Haut Commandement et vous répandez ainsi un sentiment anti-patriotique. Ce sentiment peut être très très dangereux pour la nation. Vous n'ignorez sûrement pas que l'Empire est composé d'une multitude de différentes peuplades, eh bien tout ceci peut éclater par votre faute...

Serguei se gratta la joue et continua:

-Et bien sûr cette histoire calomnieuse que vous répandez à propos de la famille impériale! Inacceptable, vous mettez à mal le Souverain de la Nation! Cela ne peut être bon pour la Russlavie et doit être censuré!

Anton écouté hébété les reflexion du jeune homme...

- Mais, Sergueï, avez-vous bien conscience de ce que vous dites? N'est pas anti-patriotique ce qui s'oppose au pouvoir en place... Si l'on doit taxer mes propos d'anti-mornarchiques alors oui, mais d'anti-patriotiques, non...
Ce qui est dit dans ce journal n'est pas ni plus ni moins horrible que ce qu'a pu raconter Monsieur Krasstchenko dans sa feuille de chou...

Anton se lissa les moustaches et la barbe:

- J'aime la Russlavie et la défendrai encore tant que la santé me le permettra, je prône une Russlavie autre, c'est ce que vous ne comprenez pas... La Russlavie ne se résume pas à vos hautes classes dirigeantes... Peut-être l'apprendrez-vous un jour à vos dépends...