Réunion des rouges

Réunion de tous les révolutionnaires "rouges" (ML, Agrariens, Socialistes Révolutionnaires, Spartakistes, Urgentistes, etc...) sur l'île Rozannov:

Le camarade Gleb Gozdenovic expose son point de vue:

"Selon moi, si nous voulons faire triompher la Révolution, nous devons nous battre partout, faire entendre notre voix dans tous les domaines d'activité. Le Merkisme Luninisme d'avant la Révolution n'a pas prospéré car il a abandonné l'action pour devenir un parti social-démocrate. Les anarchistes ne prendront pas le pouvoir car ils sont incapables de s'exercer au jeu parlementaire.
Je pense quant à moi que nous devons nous battre sur les deux tableaux: d'une part en envoyant des députés à la Douma, pour exiger des réformes sociales, et d'autre part, en soutenant des groupes de combat, qui feront avancer notre cause en supprimant les ennemis du peuple sur le terrain. Il est clair que ces groupes seront clandestins, mais notre lien avec eux doit être fort et clair dans l'esprit du peuple, bien que inprouvable, bien sur. A la fois député et poseur de bombes, voilà la nouvelle doctrine Spartakiste Révolutionnaire de l'année 1907 !"

J'appelle bien sur nos camarades anarchistes à faire part de leurs vues sur ce sujet.

Chers camarades communistes...

Je continue de penser, peut être à tort, qu'il est mal de participer a cette démocratie qui n'en est pas vraiment une... Vous voulez une révolution, changer le système et pourtant vous en faite parti en étant dans cette assemblée!

Vous, camarades communistes, voulez éviter une crotte de chien et nettoyer le trottoir mais vous avez déjà le pied dedans...

C'est dommage... Fort dommage...

Camarades, j'ai été témoins de ces guerres et de ces émeutes. J'y participai assez souvent et je me souvien des nombreuses fois ou je courrais, le drapeau rouge en main...

Mais ce n'est pas parce que, d'énormes erreurs ont été commises qu'il faut abandonner! Mon maitre d'école me l'a tellement répété. Mon groupe de partisans et moi continons notre petit bonhomme de chemin et a force de grandir, de grandir, de grandir, mèneront, a vos cotès, la révolution vers la victoire et une nouvelle ère!

Au sujet de rentrer dans votre parti... Moi et mes camarades refusons. Pas pour la divergences des idées, depuis que nous venons écouter vos débats nous savons que vous rassemblez énormément de tendances politiques mais bel et bien pour nous tenirent le plus possible à l'écart de la démocratie bourgeoise.
La foule gronde
Démocratie qui aide un peu les travailleurs grace à vous je l'accorde!

Mais nous n'avons aucune antipathie contre vous camarades communistes! Sinon nous ne serions pas la! Nous aimons débattre! Mais si notre présence dérange, nous nous en allons sur le champs hein!

Rakounine !
Nous avons besoin de toi et de tes partisans.
Le Parti est parasité par des serviteurs de la bourgeoisie dissimulés sous l'étendard du peuple.

J'appelle tous les révolutionnaires, Spartakistes, Anarchistes, SR, à me rejoindre.

Il faut refonder la gauche révolutionnaire !

La foule de soldats rassemblés hurle de joie. On acclame bruyamment et pêle-mêle Loughinine, le Parti, la Révolution.
Pour l'instant, les soviets de soldats soutiennent le Ministre de la Guerre.
Mais Molotov est optimiste: ils se rendront compte, tot ou tard, qu'ils sont les dupes du Gouvernement.
A Molotov de faire en sorte que ce soit plus tôt que tard.

Molotov comprend qu'il serait suicidaire d'aller à contre-courant. Il prend la parole, et d'une voix exaltée s'exclame:

- Bravo, tovaritchi ! Vous êtes la fierté du peuple ! Votre valeur a sauvé la Révolution !

Puis il descend de l'estrade, laissant à d'autres bolcheviki le soin de continuer dans la même veine. Le ministre Loughinine est approuvé, la Révolution est encensée, la victoire sur Niviakov fêtée. Mais pas une fois le mot "Constitution" n'intervient dans les discours fleuris des Spartakistes.

Molotov quitte la salle et se dirige vers les quais, où le croiseur "Petropavlosk" est stationné. Une rencontre est prévue avec les délégués de la flotte d'Alexandrovskoe et de Gornograd.
Quand vous n'avez pas les soldats avec vous, vous pouvez toujours compter sur les marins.

Le lendemain, Molotov rencontrera les principaux meneurs SR, dont le soutien dans la masse paysanne pourrait se réveler utile...

- Tu dis "le pouvoir aux soviets", et nous on dit "la terre aux paysans". Il y a la une grosse différence entre toi et nous.

L'homme qui venait de parler d'une voix posée était Irakli Cenkeli, le chef de file des Socialistes Révolutionnaires, plus communément appelés SR.
L'entrevue entre Molotov et les SR avait lieu dans une petite pièce annexe de l'Arsenal Rozannov.
On entendait la clameur des discours qui retentissait dans la salle principale.

Avant que Gleb ait pu répondre, une voix nerveuse s'éleva.

- Sans compter que vous, les Spartakistes, la terre aux paysans, c'est pas trop ça...Vous préferez la dépossession, n'ais-je pas raison ?

dit un petit homme nerveux en pointant son doigt vers Molotov.

Celui-ci ne se laissa pas déstabiliser:

- N'oubliez pas que je viens de la paysannerie, tovaritchi. Je veux bien négocier: il est urgent de s'unir. Donc, on dit que 70% des grandes propriétés sont distribuées aux paysans, et 30% deviennent collectivités d'Etat. Ca vous va ?

Les SR réfléchirent quelques minutes puis revinrent vers Molotov.

- D'accord. Tu auras notre soutien. Mais que veux tu faire ? Les soviets de soldats ne sont pas avec nous. Un affrontement ouvert serait du suicide.

- Je sais, Irakli. Nous devons les retourner peu à peu. Il faut mettre en place une tension permanente dans le pays. Attentats, grêves, etc. Forcer le Gouvernement et les Mencheviki à montrer leur vrai visage. Ce jour là, les Soviets de soldats basculeront de notre côté.