Billet à l'intention du Premier Ministre

Cher Stepan Iossifovitch,

Je vous écris cette courte note pour vous demander - à nouveau - une faveur. Mais cette faveur là ne me profite pas personnellement, au contraire. Elle permettra de purger votre gouvernement intérimaire de ses éléments putrides. Plus exactement, cela concerne l'armée.

En effet le désormais célèbre Niviakov, forte tête, sabote systématiquement mon travail ministériel. Celui-ci se mêle de mes prérogatives, me défendant en même temps de mettre mon nez dans les siennes. Il me menace d'une fronde parlementaire, veut opposer une loi à chacun de mes décrets. Cela a assez duré déjà.

Je vous demande donc, Stepan Iossifovitch, de m'accompagner au Palais d'Hiver, afin que nous demandions au Tsar de déposer ce chicaneur du poste qu'il n'a point mérité. C'est un maître de la politique politicienne. Le gouvernement d'union nationale ne peut se permettre de se mêler à ce genre d'individus.

Veuillez agréer, etc.

La rumeur de l'altercation entre le Ministre Loughinine et Niviakov était déja parvenue aux oreilles du Premier Ministre interimaire, via l'un des innombrables indicateurs occasionnels dont il disposait au sein de l'administration.
Ces paroles, dûment rapportées par un secretaire discret mais attentif, avait frappé Stepan de stupeur.

Et enfin, vous pouvez ordonnez tout ce que vous voulez. Le seul personnel qui est sous vos ordres sont les civils du Ministère. Et il y en a peu. Tout le reste des militaires sont sous mes ordres. Sachez et je vous le répète que vous ne figurez pas dans la chaine de commandement de l'armée.

Je vous rappel que toutes l'armées, sauf la Garde Impériale et la Garde d'Orient, me sont fidèle.
Sur ce, je vais aller gérer l'armée

Dmitri Niviakov tenait ouvertement des propos séditieux ! Il semblait croire (ou vouloir faire croire) que l'armée le suivrait aveuglément...mais vers quoi ?
Ces menaces contre la légitimité du Gouvernement étaient très inquiétantes. Il y avait de quoi l'envoyer en Sibérie pour quelques temps...

Dmitri Igorevitch réclamait un gouvernement d'Union nationale, et voilà maintenant qu'il méditait sa chute !
Non décidément, la logique la plus élémentaire semblait lui être étrangère.

Stepan Iossifovitch soupira. Il avait fait une fleur à cet homme en le nommant Généralissime. Il avait donné une dernière chance à ce tribun détesté de toute la Douma, il avait tendu une ultime bouée de sauvetage à un individu qui semblait oeuvrer de toutes ses forces à son propre enterrement.

Il était temps que cela cesse !
Stepan Iossifovitch décida d'accompagner Kassian Pavlovitch au Palais Impérial. Avec le Tzar, ils verraient quoi faire avant qu'il ne soit trop tard pour la jeune démocratie russlave.

Après avoir convié Loughinine à l'accompagner le lendemain matin au Palais d'Hiver, Stepan Iossifovitch envoya des instructions aux commissariats de Gornograd, afin que les forces de police soient sur le pied de guerre.
Sait on jamais...