La Sentinelle, numéro spécial, 4 IV 1909

Noirs sont les nuages qui s'amoncellent au dessus du ciel russlave. Une fois de plus, notre nation, l'immortelle mère-patrie, le berceau de notre fierté, l'orgueil des hommes; la Russlavie, est menacée par ses ennemis, dont la scélératesse n'a d'égal que leur acharnement à se dresser, jour après jour, contre le peuple russlave.

Cette fois-ci, le péril rouge a été remplacé par la lèpre séparatiste. Les criminels, lésés dans leur volonté de nuisance par la grande démocratie russlave, ont trouvé un nouveau cheval de Troie pour exercer leurs méfaits en toute liberté.

Ils prétendent donner au peuple la liberté ? C'est celle de se faire opprimer par mille tyrans locaux, sans la protection du Gouvernement.

Ils prétendent donner la démocratie ? Regardez donc à Piter, et voyez s'il s'agit de démocratie !

D'où sont parties les grandes réformes sociales, si ce n'est de Gornograd ?

Qui a donné au peuple la Constitution, si ce n'est Iossif Mai-Maievski, patriote convaincu, envers et contre l'hostilité des séparatistes orientaux, qui, une fois de plus, s'agitent à Svetivostok ?

Qui a aboli le servage, si ce n'est le Tzar ?

Croyez vous que les mille petits dictateurs de poulailler qui règneront sur les ruines de l'Empire donneront quelque démocratie à leurs sujets ?

Pas une once !

Qu'on ne se trompe pas, nous sommes très méfiants à l'égard du Général Sverdlov et de son pouvoir autoritaire. Mais nous sommes en guerre; une guerre contre notre ennemi le plus dangereux; l'ennemi intérieur, lâche et fourbe comme le serpent.
En guerre, il est parfois nécéssaire de suspendre la démocratie. Cela nous attriste, mais nous savons que cette suspension n'est que momentanée, et que le jour de la victoire, comme l'a promis Sverdlov, la Constitution sera à nouveau appliquée.

Nous avons d'ailleurs appris que Stepan Mai-Maievski, démocrate bien connu, allait avoir une entrevue avec le Tzar, afin de prendre toutes les assurances quant au rétablissement prochain de la démocratie.


Citoyens ! Patriotes ! La Nation a besoin de nous ! Unissons nous derrière le Tzar et le Conseil de Salut Public !
Aux armes ! A Piter ! Délivrons nos frères des chaînes cruelles du vil Krasstchenko !
A Svetivostok ! A bas la tyrannie républicaine !

Fedor Kyrillovitch Joukov
Rédacteur en chef