10 VIII 1909

Le Miracle de Païkalskovo

Joie dans les coeurs, réjouissances éternelles, la République est sauvée !

La nouvelle vient de tomber, et la Sentinelle est en mesure de vous en divulguer la primeur: A Païkalskovo, la Russlavie a été sauvée par un véritable miracle.
Il était écrit que le peuple russlave ne pouvait succomber aux griffes libidineuses des hordes barbares qui, sous la férule réactionnaire du tyran Polchak, défèrlaient sur notre patrie désarmée telle la meute de loups affamés sur le corps abandonné de la vierge innocente et sans défenses !

Païkalskovo, humble bourgade, hameau anonyme, ton nom résonnera dans l'Histoire comme une clameur de victoire et de fête, et toujours aux yeux de la postérité, ton nom sera associé au jour où la démocratie naissante fut sauvée par l'intervention conjointe de Dieu et des hommes.

C'est en effet à Païkalskovo que Cheik Abdullah bin Polchak, satrape libidineux de l'armée barbare, poulpe lascif à la solde du Grand Turcose, spectre mangeur d'enfants, etc. a été frappé par la Nemesis divine, inéluctable récompense de ses déprédations odieuses.

Les circonstances exactes de la mort du crapuleux Polchak ne sont pas encore connues, mais ses conséquences ne se sont pas fait attendre:
Libérés de la crainte et de l'asservissement dans lesquels Polchak les tenaient, les soldats Russlaves embrigadés dans son armée se sont levés, incapables de résister à l'appel du coeur qui leur enjoignait de donner leurs vies pour la Patrie Eternelle, et, impavides, ils ont vaincu et repoussé la canaille orientale et les parasites tcherkesses qui espèraient piller la Russlavie impunément.

Rassemblés sous l'égide de Kassian Pavlovitch Loughinine, les soldats du II corps d'armée, brebis égarées par le fiel mensonger de Polchak et de la camarilla franc-charpentière, ont juré allégeance indéféctible à la République Russlave.

Vive la Russlavie ! Longue vie à la République !

Traficotages à gauche:

Nous apprenons à l'instant que le PMLR et le PR ont annoncé leur intention de présenter une liste commune aux élections constituantes.
La direction du PMLR n'a donné aucune autre information dans son communiqué de presse, et les citoyens se demandent légitimement quelles sont les raisons qui motivent une si curieuse démarche.

Sans vouloir présumer des machinations qui se trâment dans l'obscurité de l'arsenal Rozannov, la peur ne serait-elle pas la principale raison de cette basse manoeuvre politique ?
Le PMLR et le PR craignent-ils d'être incapables d'envoyer le moindre député à la Douma ?