- Kassian P. Loughinine
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Date d'inscription : 24/05/2008
Loughinine à l'hôpital universitaire
Sam 18 Avr 2009 - 13:26
A l’hôpital de l’Université Impériale, les plus éminents chirurgiens de la Russlavie (les trois seuls du pays, d’ailleurs), s’affairaient autour du corps martyrisé de Kassian Pavlovitch Loughinine. L’amputation opérée par le barbier de la garnison de Mitrovsky, le « docteur » Razine, s’était révélée insuffisante. Malgré la cautérisation, la gangrène s’était déclarée.
Pâle, secoué par une forte fièvre, le menchevik n’émergeait que sporadiquement de ses délires. Les observateurs pouvaient, et cela eût fasciné les professeurs de la faculté de psychanalyse, le suivre dans ses visions hallucinatoires. Le blessé semblait parcourir, dans une course effrénée, l’ensemble de sa vie. Comme le rapportaient les témoins de sa première amputation, Loughinine avait été tourmenté dans son sommeil par les monstres bien connus des histoires pour enfants récalcitrants. Il avait hurlé devoir se sauver du grand rabbin mangeur de bambins cathodoxes. Puis, pendant le périlleux voyage jusqu’à Gornograd, le menchevik avait, du fond de son inconscience, durement récriminé son vieux père, traité de « lâche », de « laquais », « ne maîtrisant pas son destin », etc.
Enfin, à l’heure de sa seconde opération, il avait explosé en une grande colère, insultant pêle-mêle les sodomites et les francs-charpentiers.
Un infirmier sibérien but les paroles inconscientes de Kassian Pavlovitch.
- Da ! C’est pure sagesse !
La seconde amputation – on avait éloigné la portion gangrénée en tranchant au-dessus du coude – était réussie. Cette fois-ci, on désinfecta la plaie autrement qu’avec un morceau de fer brûlant.
Quelques heures plus tard, entouré d’un cercle d’étudiants sibériens, des infirmiers, concierges et jardiniers de l’hôpital – tous issus de la paysannerie et galvanisés par les simples vérités de Kassian – le vieux provincial se rendit à la chapelle de l’université, pour remercier Saint Wolodymir de son intercession auprès de l’Eternel.
- Kassian Pavlovitch ! s’écria une voix bien connue.
- Piotr Arkadiévitch, enfin te voilà ! Comment te portes-tu, vieil ami ?
- Ah, mes nerfs sont à bouts ! Ton sort incertain m’a préoccupé. Je n’ai pas dormi depuis deux nuits ! Même les services de la grosse Tatianouchka, du « Harem kalmouk » sur le Nikolaïevski Prospekt, n’ont pas pu me ravir mon inquiétude.
Mais réjouis-toi ! J’ai fait comme tu m’as demandé, les syndicats ont convoqué les ouvriers et une grève générale paralyse Gornograd. Quant à tes amis, ils se trouvent à l’Institut de Géographie, où ils discutent sans doute les modalités du changement imminent.
- Tu es un homme de confiance, Piotr Arkadiévitch. Allons, il faut rejoindre l’Institut au plus vite !
Pâle, secoué par une forte fièvre, le menchevik n’émergeait que sporadiquement de ses délires. Les observateurs pouvaient, et cela eût fasciné les professeurs de la faculté de psychanalyse, le suivre dans ses visions hallucinatoires. Le blessé semblait parcourir, dans une course effrénée, l’ensemble de sa vie. Comme le rapportaient les témoins de sa première amputation, Loughinine avait été tourmenté dans son sommeil par les monstres bien connus des histoires pour enfants récalcitrants. Il avait hurlé devoir se sauver du grand rabbin mangeur de bambins cathodoxes. Puis, pendant le périlleux voyage jusqu’à Gornograd, le menchevik avait, du fond de son inconscience, durement récriminé son vieux père, traité de « lâche », de « laquais », « ne maîtrisant pas son destin », etc.
Enfin, à l’heure de sa seconde opération, il avait explosé en une grande colère, insultant pêle-mêle les sodomites et les francs-charpentiers.
Un infirmier sibérien but les paroles inconscientes de Kassian Pavlovitch.
- Da ! C’est pure sagesse !
La seconde amputation – on avait éloigné la portion gangrénée en tranchant au-dessus du coude – était réussie. Cette fois-ci, on désinfecta la plaie autrement qu’avec un morceau de fer brûlant.
Quelques heures plus tard, entouré d’un cercle d’étudiants sibériens, des infirmiers, concierges et jardiniers de l’hôpital – tous issus de la paysannerie et galvanisés par les simples vérités de Kassian – le vieux provincial se rendit à la chapelle de l’université, pour remercier Saint Wolodymir de son intercession auprès de l’Eternel.
- Kassian Pavlovitch ! s’écria une voix bien connue.
- Piotr Arkadiévitch, enfin te voilà ! Comment te portes-tu, vieil ami ?
- Ah, mes nerfs sont à bouts ! Ton sort incertain m’a préoccupé. Je n’ai pas dormi depuis deux nuits ! Même les services de la grosse Tatianouchka, du « Harem kalmouk » sur le Nikolaïevski Prospekt, n’ont pas pu me ravir mon inquiétude.
Mais réjouis-toi ! J’ai fait comme tu m’as demandé, les syndicats ont convoqué les ouvriers et une grève générale paralyse Gornograd. Quant à tes amis, ils se trouvent à l’Institut de Géographie, où ils discutent sans doute les modalités du changement imminent.
- Tu es un homme de confiance, Piotr Arkadiévitch. Allons, il faut rejoindre l’Institut au plus vite !
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