Empire de Sainte Russlavie
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Le Vigilant
Le Vigilant
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LE VIGILANT - DANS L'ENFER DE PORT-BANANE Empty LE VIGILANT - DANS L'ENFER DE PORT-BANANE

Jeu 30 Avr 2015 - 12:29
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LE VIGILANT
"Contre la franc-charpenterie, la liberté d'informer"


Reportage : dans l’enfer de Port-Banane (première partie)

Pour le Vigilant, Placide Persévérance, rédacteur-en-chef en exil de la Banane Flambée de Sucreville et exilé politique en Russlavie, a accepté de retourner incognito dans sa patrie afin d’y témoigner de l’horreur et de l’inimaginable qu’endurent quotidiennement les habitants de Port-Banane.

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Placide Persévérance, notre intrépide reporter


Port-Banane, trois ans après l’apocalypse

Ne pouvant entrer à Port-Banane sous ma véritable identité, j’ai demandé à un faussaire merksiste de Gornograd de me faire un faux passeport au nom d’Obéissant Dieumerci, négociant en alcool de banane. Un nom que je n’ai pas choisi par hasard, car c’était celui de notre vieux domestique, à Sucreville. Il est mort en tentant de protéger ma femme et mes enfants de la foule sanguinaire qui a saccagé ma maison et brûlé ma plantation. En revenant à Port-Banane sous son identité, je veux rendre hommage à la loyauté de ce vieux serviteur.

A peine arrivé à la douane, je suis frappé par l’avilissement dans lequel est tombée ma patrie. Les douaniers sont débraillés et me toisent d’un œil torve. Ils sont manifestement dans un état d’intoxication sévère. Ils carburent sans doute à l’alcool de palmier depuis le début de leur service. L’officier ne jette même pas un coup d’œil à mon passeport, se contentant d’empocher les 100 roubles que j’y ai glissé avec un sourire obscène. Comme il semble loin, le temps où la probité des fonctionnaires port-bananiens était citée en exemple à travers le Micromonde !

Mais ce n’est qu’un avant-goût de la déchéance dans laquelle a sombré mon pays, et qui va me frapper en plein visage alors que j’arpente les rues autrefois prospères de Port-Banane City.

Ce qui frappe le visiteur, c’est d’abord l’état de délabrement de notre capitale, dont les belles avenues et les palais de pierre blanche rappelaient autrefois les cités les plus modernes du Zollernberg ou du Belondor. A présent, les trottoirs sont défoncés, les rues sont devenues des dépotoirs depuis que le système d’égouts installé par des ingénieurs noordzeelandais en 1889 n’est plus entretenu. Je passe devant les ruines calcinées de la Cour suprême bananière et du House of Parliament, que la dictature n’a pas daigné reconstruire. Je manque d’éclater en sanglots : ces reliefs noircis laissés à l’abandon sont l’image même de l’état du droit et de la démocratie dans mon pays natal.

Quelques rues plus loin, au croisement de l’avenue Président Félicien Amadoué, rebaptisée avenue Mama Edorana par la dictature, je tombe sur les anciens bureaux du Planteur Nègre, le grand quotidien républicain fondé en 1859, et dont toute la rédaction a été noyée en mai 1912 dans le port de Port-Banane City. C’est à présent un bordel de luxe, à en juger par les filles qui remuent la croupe aux fenêtres du premier étage. Soudain, je me fige.

L’homme que je vois passer devant moi n’est autre que Philémon-Pierre Störtebecker, l’étranger qui, plus que tout autre, porte une responsabilité écrasante dans l’avènement de la dictature. Je suis brutalement écarté par ses gardes du corps, alors que le consul d’Edoran passe devant moi sans me remarquer et monte quatre-à-quatre l’escalier d’honneur, manifestement impatient d’aller souiller de ses ardeurs libidineuses quelqu’une de nos jeunes filles au sein de ce temple de la presse libre devenue l’hideux repaire des satyres et des débauchés.

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Philémon-Pierre Störtebecker, consul d’Edoran à Port-Banane

Pendant un moment, me traverse l’envie de sortir mon revolver Mossine-nagant (cadeau de départ de la rédaction du Vigilant) et d’abattre sur place cet infâme octoroon, mais je me ravise. Je ne crains pas pour ma propre vie, et la donnerai avec plaisir pour débarrasser Port-Banane de cette vermine, mais mon devoir est de survivre afin de rapporter au Micromonde ce que j’ai vu. Je passe mon chemin.

L’effroi, comme toute émotion humaine, vient en quantité limitée. Au bout d’un moment, l’âme devient indifférente aux horreurs qu’elle observe. Alors que je remonte d’un air absent le boulevard Toussaint L’affranchi (renommé boulevard Papa Edorano), je m’arrête à peine devant l’ancien siège du True Banana Party, transformé en caserne pour les soldats du 1er régiment eslagnol de Port-Banane. Une brute en faction me fait signe de dégager en me traitant de noms que la plume se refuse à écrire.

J’apprends par un passant que ces Eslagnols constituent la garde prétorienne de la dictature, et protègent les blancs qui pullulent à présent dans les rues de Port-Banane City.

Jadis, les blancs présents dans notre pays étaient nos amis. Commerçants belondaures, armateurs noordzeelandais, marchands russlaves, explorateurs zollernois ou missionnaires avarois, ils se distinguaient par leur politesse exquise et leur grande dignité. A présent, les blancs arpentent Port-Banane comme une terre conquise. Pour les Edoranais et les Eslagnols que je croise, mon pays est désormais une colonie taillable et corvéable à merci. Avec la bénédiction de la dictature, ils ont détourné les Port-Bananiens de la culture traditionnelle du coton, de la banane et de la canne à sucre pour les forcer à creuser la terre à la recherche de métaux précieux. Débraillés, mal rasés, perpétuellement imbibés à l’alcool de banane, ces rustres marchent sur le haut du pavé et bousculent sans ménagement les Port-Bananiens.

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Pour les exploiteurs, le peuple port-bananien est une ressource comme une autre

Non loin de la place Mort-homme (à présent place Pepito Edoranito), au pied de la statue mutilée du président Eustache Probité, je tombe sur deux négociants edoranais en train d’assaillir une jeune port-bananienne. Le spectacle de leurs doigts blafards sur cette peau d’ébène est tellement répugnant qu’oubliant ma mission je tente d’intervenir. Bien mal m’en prend. Les sbires port-bananiens des Edoranais, apparus de nulle part, se jettent sur moi et me rouent de coups sans un mot. Je ne résiste pas, n’essaie même pas de leur demander quelle bassesse les fait servir les ennemis de leur propre pays. Après une pluie de coups violents, je suis jeté dans un caniveau, laissé pour mort. J’ai le nez cassé, la lèvre fendue, et je crois avoir perdu quelques dents que j’ai avalé par mégarde.

Me relevant, je quitte Port-Banane City sans demander mon reste, en direction du nord de l’île. Car je ne suis pas revenu à Port-Banane uniquement pour des raisons professionnelles. Je suis à la recherche de ma famille, disparue lors des sanglants événements de mai 1912. J’ignore si ma troisième femme et mes neuf enfants sont encore en vie. Je trouverai les réponses à Sucreville, sur les terres de ma famille.

(A suivre)


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