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Leonid Godinnik
Leonid Godinnik
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Godinnik dans le Kaukaze

Mar 16 Fév 2010 - 18:49
Une fois arrivé à la frontière des terres du Kaukaze, Leonid Godinnik, entouré de fonctionnaires de son ministère, se rendit auprès du colonel Yacovitch, des troupes de Svetivostok, qui en d'autres temps avait reconduit le fasciste Vlassov vers des terres où il ne nuirait plus (enfin, croyait-on!).

Le Ministre et le Colonel mirent au point une tactique à suivre et à développer au fur et à mesure de l'évolution de la situation.
Dans un premier temps, le Ministre allait se rendre à Somorkonde, accompagné du Colonel, de son secrétariat, ainsi que d'un corps de protection de 80 soldats. En prendre plus aurait à coup sûr été considéré comme acte militaire ou tentative d'invasion... On l'avait averti que des soldats jatonnais étaient arrivés jusque le poste frontière voisin de Irikoutsk... Le vigilant ne disait donc pas que des inepties ou des insanités.

L'après-midi même de son arrivée, Godinnik mit sa troupe en marche, qui au bout de deux heures arriva au poste frontière d'Irkoutsk. Ils y furent reçus par le lieutenant du corps expéditionnaire jatonnais Biō Māne.


- Lieutenant, je suis Leonid Godinnik, Ministre des Protectorats de la République de Russlavie, je souhaite me rendre à Somorkonde.

- Godinniksan, quel est le but de cette entrée à Somorkonde? Les troupes de l'Empereur Nitton ont pour mission de protéger le Kaukaze... Contre les russlaves de fait... Dit le militaire en terminant par un rictus lui donnant un air plutôt désagréable...

- Lieutenant, la force blanche des Tsaristes est un danger non négligeable, aussi la force rouge de la république est-elle prête à proposer son aide au Kaukaze, tout en libérant le Jatton de son engagement en ces terres qui ont de tous temps été protégées par les Russlaves...

Godinnik laissa quelques secondes s'écouler, voyant la colère monter dans le rictus de plus en plus grimaçant de son interlocuteur qui portait bientôt la main au sabre...

- Mais de cela je n'ai pas à m'entretenir avec un subalterne, voyez plutôt ce laisser-passer signé du Général Yoshi Yakitori.

Tandis qu'il tendait le document citant de manière inopinée l'un des principaux officiers supérieurs de l'armée nittone, Godinnik comprenait que la frontière s'ouvrait à lui...

Le lieutenant Biō Māne transforma son rictus en rire jaune... Il tourna les talons, ordonna en jatonnais quelques brèves consignes: la barrière se leva et les russlaves furent invités à s'engouffrer dans les terres du Kaukaze... L'aventure commençait

Comment avait-il eu ce document signé du samouraï? Certains disaient que les deux hommes s'étaient rencontrés à Svetivostok en des temps plus calmes, tandis que tous deux jouissaient des bienfaits des bains chauds...


Dernière édition par Leonid Godinnik le Lun 22 Fév 2010 - 13:05, édité 1 fois
M. Naganō
M. Naganō
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Mer 17 Fév 2010 - 14:50
A Somorkonde, le comité "Paix et Prospérité Célestes" s'était installé dans la Citadelle Rouge. Ce gouvernement provisoire, rassemblant une belle brochette de chefs de clans de toutes les tribus kaukaziennes et déléguant le pouvoir réel à l'Etat-Major du corps expéditionnaire jatonnais, n'avait pas encore entrepris la rénovation républicaine de l'ancien protectorat russlave.

Un parlement avait vu le jour, mais ses séances ressemblaient plus à des bacchanales qu'à des réunions de législateurs... Quant au Premier Ministre kaukazien, Son Excellence Radekocholoboum Boumboumtalek - un ancien berger tcherkesse qui n'avait que quinze ans -; il ne sortait plus du harem depuis le début de son "règne", lorsque les Jatonnais avaient eu la fabuleuse idée de lui offrir les mille et une épouses du Khan pro-russlave Mehmet XXXVIII, un vieillard sourd et aveugle, qui avait été, racontait-on, un compagnon d'orgie d'Alexandre II, le père de Nicolas Ier.

Et alors que Godinnik, en possession d'un laissez-passer délivré par une accointance sodomisée, traversait le désert à dos de chameau avec sa suite de fonctionnaires en col dur et cravate de soie, le consul du Jaton à Somorkonde (titre officiel seulement, car en vérité le Shogun, au nom de l'Empereur du Soleil Matinal, lui avait confié le commandement suprême de l'entreprise de colonisation) débattait avec ses conseillers de l'attitude à adopter.

Mōchimōchi Naganō savait tout. On l'avait informé de l'arrivée de Leonid Antonovitch Godinnik en même temps qu'on lui présentait un dossier complet concernant ce dernier. Grâce à ces documents, il pouvait se faire une bonne image de l'homme qui galopait à sa rencontre.

Mais une chose le dérangeait sérieusement : que venait faire là un laissez-passer délivré par le général Yoshi Yakitori ? Cet homme, Mōchimōchi Naganō le connaissait bien : c'était un des plus violents intrigants du Jaton, prêt à tout pour arriver à ses fins. Son aspect physique était absolument révulsant. Il était grand, mais incroyablement obèse. Sa peau, toujours huilée et grasse, semblait élastique. La rumeur disait qu'aucune balle, ni aucun katana n'était capable de se creuser un passage jusqu'à son coeur à travers ses plastrons naturels.

Mōchimōchi Naganō était inquiet. Lui, consul, n'était qu'un civil. Or chacun savait que le Jaton était gouverné par des cliques toujours mouvantes et changeantes de militaires. Un bon Jatonnais était un Jatonnais en uniforme.

Heureusement pour Naganō, l'expédition kaukazienne relevait du Ministre jatonnais de la Marine et des Affaires étrangères, Goku San, un autre civil. Et puis, c'était bien connu, la Marine jatonnaise formait un véritable Etat dans l'Etat, et surtout une armée dans l'armée, défendant ses privilèges face à la faction de l'armée de terre, dont faisait partie le général et comploteur Yoshi Yakitori.

Pour le moment, Naganō était encore couvert sur ses arrières par le ministre Goku San, le Shogun et l'Empereur lui-même. Cet état pouvait-il durer ? Une chose était sûr : si la Russlavie devait provoquer un conflit ouvert contre le Kaukaze et donc contre le Jaton, l'ensemble de la nation du Soleil Matinal allait marcher à la guerre, oubliant momentanément ses dissensions. Et alors, le Jaton n'étant pas la Turcosie, la Russlavie aurait un adversaire moderne à affronter.
Leonid Godinnik
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Ven 19 Fév 2010 - 19:11
Lorsque Godinnik arriva à proximité de Somorkonde, il fut accueilli par une drôle de procession, faite de Tcherkesses hilares, de Kaukaziens divers et variés allant du mendiant au mercenaire... Tous se pressaient autour de lui ne sachant pas réellement qui il était ni ce qu'il faisait là... Mais il intriguait...
Des enfants harcelaient les soldats, touchant les parties brillantes de leurs uniformes et de leurs armes, des femmes au regard noir lançaient des oeillades langoureuses et suggestives aux officiers Svetivostokois, ce à quoi certains n'étaient pas insensibles du tout...
Même les chiens somorkondiens tournaient autour du convoi, glapissant lorsque les soldats les faisaient fuir en leur donnant des coups de pieds ou de crosse de fusil.

Mais Godinnik savait bien que tout cela ne passerait pas inaperçu, et que cela donnait une image de force et de pouvoir. Il n'en serait sans doute pas de même avec les jatonnais, mais le Ministre des Protectorats savait bien que dans ces terres traditionnelles et reculées, il fallait pouvoir être considéré comme un prince afin de pouvoir être entendu et être bienvenu... Il fallait aussi faire plaisir, c'est donc pourquoi Godinnik fit un geste de main auquel des soldats réagirent par une pluie de pièces de bronze (des Roubles Svetivostokoises) que les hommes et les femmes ramassèrent avidement dans un mélange de cris de joie, tandis que d'autres soldats lançaient des perles de verre que les enfants récupéraient vitre fait dans la poussière de cette région aride... Les gens ne savaient pas qui il était, mais il s'agissait de quelqu'un de bien, d'un bon prince!

En arrivant au pied des fortifications, il vit se profiler un peloton de soldats jatonnais: l'ambiance changeait radicalement! Là régnait silence et droiture... Les soldats de l'Empereur étaient fixes comme des statues et seule leur détermination pouvait se lire sur leurs visages. Godinnik soupira, se rassasia de la joie des indigènes avant de ne plus faire apparaître que rigueur et dédain sur son visage.


- こんにちは、私はレオニッド Godinnik です! je suis membre du Gouvernement Russlave et ai le laissez-passer de son excellence Yoshi Yakitori, je souhaite rencontrer les autorités Somorkondoises et leurs amis jatonais...
M. Naganō
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Dim 21 Fév 2010 - 17:52
- Oui, nous savons. fut la réponse de l'officier jatonnais envoyé à sa rencontre.

Sans autre forme de procès, Godinnik fut séparé de son escorte armée, qui demeura hors de la ville, et s'embarqua dans un fiacre avec sa suite diplomatique. Devant lui se déroula alors un chef-d'oeuvre d'organisation aziatique. Tout avait été préparé pour son séjour à Somorkonde, à commencer par le trajet qu'il devait accomplir entre les portes de la cité et la Citadelle Rouge, où l'attendait le Premier Ministre du Kaukaze. Toutes les actions jatonnaises s'articulaient autour d'un seul principe absolument fondamental : la face. Pour sauvegarder la face, le comité "Paix et Prospérité Célestes" ne pouvait pas laisser pénétrer dans la Capitale de la République kaukazienne le détachement armé russlave. Or il était impensable de dépouiller l'envoyé russlave de toute protection, aussi le comité avait-il décidé de lui mettre à disposition une escorte jatonnaise permanente. Mais quelle allait être la taille de cette escorte? Si elle comptait trop d'hommes, l'émissaire russlave serait en danger de perte de face, sa dignité ne permettant pas qu'il se sente prisonnier de ses hôtes. Si elle en comptait trop peu, c'était les Jatonnais qui seraient incapables de sauvegarder la leur, ne pouvant afficher clairement qu'ils demeuraient les maîtres de la situation.

Des calculs difficiles avaient été faits dans les tentes de l'Etat-Major jatonnais et le consul du Jaton à Somorkonde en avait même référé à son ministre, Goku San, pour éviter tout incident diplomatique. Au final, ce furent exactement trois cents cavaliers, cinq cents fantassins et trente-sept mitrailleuses (montées sur des mulets) qui formèrent l'escorte permanente de Godinnik et qui allaient devoir l'accompagner dans tous ses déplacements durant son séjour dans le Kaukaze.

Et c'est entouré de cette foule d'aziatiques robotisés que Godinnik et sa suite déboucha enfin sur la place centrale de Somorkonde, où trônait la magnifique Mosquée Bleue. Les religieux halawites kalmouks, tcherkesses, kaukaziens, etc., réunis en collège, vinrent saluer la délégation au nom du "peuple uni et démocratique de la République Halawite du Kaukaze".

Aussitôt, le cortège s'ébranla à nouveau. La voiture de Godinnik avait pris un retard de trois minutes sur le trajet prévu, ce qui semblait préoccuper sérieusement les chefs de son escorte. Grâce à un petit détour improvisé, et grâce aussi aux nouveaux pavés offerts à la ville par les Jatonnais (la grande basilique de la Sainte Trinité était en voie de déconstruction, ses pierres servant à cette rénovation républicaine de l'ancienne province), Godinnik arriva à l'heure sur la colline de la Citadelle Rouge.

Il est impossible de décrire fidèlement toute l'avalanche de richesse que connurent alors les diplomates russlaves, comblés en délices culinaires, en femmes, en or et en argent, en tissus et bijoux, en lingots hébraïtes, etc. Son Excellence Radekocholoboum Boumboumtalek, vêtu à l'occidentale - tout comme son cabinet de chefs tribaux et administrateurs jatonnais -, souhaita solennellement la bienvenue aux envoyés de "l'Occident Rouge, rouge comme la terre du Kaukaze et la bannière de l'Empire du Soleil Matinal". Puis, le compétent Premier Ministre prit congé, allant rejoindre son harem. En effet, selon les règles diplomatiques, un chef d'Etat ne pouvait que rencontrer son alter ego - dans le cas de la Russlavie, nul autre que Medjelev en personne. Godinnik, simple ministre qu'il était, devait se contenter de son collègue kaukazien, qui se trouvait être... Mōchimōchi Naganō.

Ce dernier, maîtrisant parfaitement sa face, ne tarda pas à se présenter à Godinnik, alors que la délégation russlave commençait une nuit de folles bachanales en compagnie des plus éminentes figures du système tribal kaukazien...

- Votre Haute Noblesse ! Mochimochi Kijuvitch Naganov, serviteur ! s'exclama le Jatonnais en un russlave légèrement accentué. Je suis heureux de faire votre connaissance. Son Excellence le Premier Ministre de la République Halawite du Kaukaze m'a confié la tâche de négocier avec vous le rétablissement de relations diplomatiques durables entre la Russlavie et le Kaukaze indépendant et démocratique.
Leonid Godinnik
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Lun 22 Fév 2010 - 12:56
Cette "prise en charge" dès l'arrivée aux portes de la Cité avait quelque peu impressionné Godinnik, mais il fit mine de ne pas être touché ni heurté par cette mesure et, de bon aloi, il se mit donc en marche avec le convoi jusqu'à son arrivée au Palais.

La rencontre avec Son Excellence Radekocholoboum Boumboumtalek, portant sur lui le parfum de femmes amantes et sensuelles, avait été bien brève, mais il ne s'attendait pas à grand chose d'autre à vrai dire. Cet homme était de toute apparence un pantin manipulé par les Nittons qui semblaient y trouver grand plaisir.

Quand Godinnik se trouva accueilli par le ministre Mōchimōchi Naganō, il fut surtout amusé de voir ce dernier se présenter à la russlave. Il s'agissait selon toute évidence d'un homme fin et aux pratiques politiques et diplomatiques aguerries. Le ministre russlave lui rendit donc son salut, s'inclinant à la jatonnaise:


- Excellence, vous rencontrer est un honneur! Votre nom est cité à Murasibirsk, il me tardait d'être présenté à vous.

Puis se redressant:

- Nous voilà donc réunis afin de tisser des liens, de développer des passerelles entre nos différentes cultures et nos différentes manières d'appréhender le monde. Il ne fait aucun doute que la République du Kaukaze, amie de longue date de la Russlavie, fasse montre de modernité en s'ouvrant aujourd'hui au Jaton. Comprenez cependant ma surprise lorsque la paix murasovite a été troublée par l'annonce de tant de guerriers nittons dans ces montagnes où les Tsars chassaient...

Sachant que sa phrase, bien que nécessaire de prime abord, risquait lancer les hostilités, Godinnik l'avait prononcée sur le ton le plus respectueux et en s'inclinant devant son interlocuteur: il faisait mine de ne pas dire ce qu'il disait... Ainsi il ne pouvait pas être identifié comme le déclencheur... Le Prince Sveringoraï était fin connaisseur du Jaton. En effet, après son séjour universitaire en Noordzeeland -où il avait aussi abordé la culture turcose via une madrasa où enseignait son "bon ami" de l'époque Hassan Ibn Salwa- il avait eu l'occasion de séjourner quelques mois durant dans l'archipel qui s'ouvrait alors à peine aux étrangers...
M. Naganō
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Dim 28 Fév 2010 - 14:58
Naganō s'inclina à son tour, un peu plus bas que son interlocuteur. Si un oeil expert avait observé le diplomate jatonnais de profil à cet instant précis, il aurait pu voir se dessiner un angle inférieur à 45° entre le tronc incliné et la position droite originelle, ce qui signifiait que Naganō, bien que respectueux de son hôte, était soucieux de sauvegarder la face. La sienne, sans doute, et par extension celle de son ministre et même celle de l'Empereur.

- Mon humble nom ne mérite sûrement pas d'être cité dans une ville aussi glorieuse que Murasibirsk, berceau de la civilisation slave.

Puis, arborant un sourire diplomatique, il continua :

- Oui, Excellence, nous pouvons tous être surpris et nous réjouir de la politique indépendante, ouverte non seulement sur l'Occident mais aussi sur l'Orient, de la République du Kaukaze.

Le sourire laissa place à un autre faciès diplomatique, celui de la compassion fraternelle :

- Nous ne savions pas que la mission philanthropique jatonnaise avait provoqué des troubles à Murasibirsk et, au nom de mon gouvernement (comprendre : le comité "Paix et Prospérité Célestes", càd le gouvernement kaukazien...), je vous transmets mes sincères excuses. Puisse le gouvernement russlave comprendre la profonde souffrance des peuples fédérés du Kaukaze, qui ne souhaitent que paix et liberté, et cela dans le respect le plus strict des conventions micromondiales. Quant aux "troupes d'interposition" jatonnaises, je peux vous assurer, Excellence, qu'elles quitteront le territoire de la République du Kaukaze une fois arrivée l'expiration de l'accord d'aide humanitaire passé entre le Kaukaze et le Jaton, c'est-à-dire dans... - Naganō le prononça comme s'il s'agissait d'une chose parfaitement triviale - 99 ans.

Il arbora à nouveau son sourire. Ni goguenard, ni timide, ni hypocrite, ni franc pourtant, c'était un vrai sourire aziatique.

- Vous voyez, Excellence, que ce jeune Etat est dans de bonnes mains. Il est inutile, je pense, d'y voir une quelconque tentative d'agression venant de quelle direction que ce soit.

Des serviteurs vêtus à l'occidentale vinrent apporter deux verres de champagne russlave.

- Si je peux me permettre cette parenthèse privée, Excellence, je suis un de vos humbles admirateurs. Votre politique et votre parcours privé m'ont toujours fasciné. Est-ce vrai que vous avez beaucoup voyagé? Voyez-vous, je crois qu'une certaine - comment pourrais-je m'exprimer correctement? - "sensibilité" lie les hommes civilisés et expatriés tels que vous et moi. En disant cela, je ne veux pas, évidemment, sous-entendre que votre personnalité hors du commun puisse côtoyer un seul instant mon insignifiante personne.
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Lun 1 Mar 2010 - 0:12

Malgré la "pacification" opérée de main de maître par les Jatonnais, nombreux et variés étaient les fauves qui rôdaient encore dans les montagnes kaukaziennes. Il y avait toujours ces quelques 6 000 paloniens, qui s'accrochaient autour de quelques arrêts isolées du Transkaukazien et entretenaient des contacts informels avec les troupes russlaves de l'autre côté de la frontière. Les cosaques rouges, relevant théoriquement de l'Armée républicaine, s'étaient repliés hors de contact des troupes jatonnaises, mais les restes épars des cosaques blancs du défunt colonel Bezborodko, rejoints par quelques bandes hétéroclites de soldats-paysans, alliés par défaut, infestaient toujours les montagnes du sud-Kaukaze, entretenant des rapports oscillant entre la guérilla et le troc avec les autochtones.

Mais ces positions étaient loin d'être bien définies: la plus grande confusion régnait dans ces limes sud du Kaukaze, et il n'était pas rare que des cosaques s'aventurent jusque dans des villages tenus par les Jatonnais pour commercer avec la populace tcherkesse. On voyait même des officiers paloniens trafiquer dans les bazars de Somorkonde, tolérés tacitement par le Comité "Paix et Prospérité Célestes".

L'un d'eux, le capitaine Serdjuski, n'était pas là uniquement pour vendre des paires de bottes aux autochtones en échange de cigarettes. Il était là pour observer ce qui se tramait dans la Citadelle Rouge, où des négociations avaient lieu entre un émissaire russlave et le Comité. Avec son bon sens coutumier, son supérieur, le colonel Sandomierz le lui avait expliqué: si les Russlaves et les Jatonnais s'entendaient, c'étaient eux, pauvres bougres perdus à 12 000 verstes de leur pays natal, qui en feraient les frais, à coups sûr, et spécialement après ce que les Paloniens avaient fait lors de leur sanglante errance à travers l'est russlave. On avait donc envoyé Serdjuski, afin qu'il monnaye le soutien des Paloniens à l'un ou l'autre camp... Ce qui supposait une guerre, et non un compromis entre les deux loups qui se disputaient le Kaukaze... Son supérieur lui avait aussi demandé d'essayer d'entrer en contact avec les autres empêcheurs de faire la paix qui rôdaient encore dans le Kaukaze: les blancs, pour qui une paix entre la République et l'Empire du Soleil Matinal représentait à coup sur une véritable catastrophe.
Leonid Godinnik
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Mar 2 Mar 2010 - 19:37
Entendant cette semi-louange s'(apparentant plutôt à un semi-mépris, Godinnik reconnut bien là la manière de faire des émissaires jatonnais. Il y avait de cela quelques mois, lors de la scission des Républiques d'Orient, la diplomatie nittonne avait approché la Perle de l'Orient et l'homme fort du lieu, afin de s'y implanter. Le Prince Sveringoraï avait alors cordialement et respectueusement refusé la proposition. Désormais les hommes de l'Empereur avaient un pieds aux portes de la Russlavie...

S'inclinant de 44,8 degrés, Godinnik esquissa un sourire qui n'était pas adressé à son interlocuteur, ou du moins moins heureusement que cela pouvait y sembler.


- Naganō san, il semble évident que le voyage forme la jeunesse et la culture, mais la plus grande illumination de l'esprit ne survient-elle pas par la découverte et la conquête de soi, d'après Fon Siukus? Bien souvent il m'a été donné de penser à ma présence en terre étrangère lors de ma jeunesse. j'eus pu y trouver gloire et béatitude, mais je suis revenu en Russlavie afin d'y accomplir ma destinée en place et lieu qui m'étaient attribués.

Ne sachant pas exactement ce que son interlocuteur voudrait bien comprendre de ce message à peine voilé, le Ministre de la République Russlave continua, arborant toujours un sourire de convenance:

- Excellence, il va sans dire que la République de Russlavie a apprécié votre aide afin de préserver cette terre du chaos lors des événements malheureux que nous savons. Nous vous en remercions. A présent le Gouvernement du Kaukaze, s'assumant comme je l'ai toujours préconisé, est tout à fait à même de rejoindre les provinces soeurs de la République qui est la nôtre, la sienne.

Voyant Naganō se tendre et perdre de son amabilité apparente, Godinnik continue:

- Cher ami, le Kaukaze a de tous temps été un membre de notre famille, aujourd'hui nous l'invitons à nous retrouver. Son excellence le Premier Ministre Radekocholoboum Boumboumtalek va avoir la responsabilité de choisir son de quel côté les intérêts de sa nation pencheront. Bénéficiant de liens particuliers nous avons pris le loisir de nous adresser à lui par des voies que nos années d'amitiés on scellé au-delà du protocole et que seuls les initiés du monde Tcherkesse peuvent connaître...

Naganō commençant à ne plus être souriant du tout, les derniers mots de l'émissaire russlave tombent:

- Ne vous sentez pas en défaut, Excellence, la perfection est un chemin sur lequel nous allons tous... Certains ont parfois plus avancé que d'autres, mais souhaitons que tous parviendront à l'aboutissement de leur démarche.

En effet, tandis que Godinnik et son homologue nitton s'étaient isolés afin de discuter, des fonctionnaires de Godinnik, riches de leurs réseaux locaux, avaient réussi à approcher le "Maître de Somorkonde", ou du moins celui qui pensait l'être, et lui avait fait remettre remettre bijoux, encens,argent et femmes... Le rout étant accompagné du billet suivant:

Excellence Boumboumtalek,

La République est emprunte de mansuétude et de paix. La tyrannie russlave n'est plus et chaque peuple est le frère de ses voisins.
Les présents, qui vous ont été remis et, je l'espère, vous agréeront, sont un avant-goût de ce que votre Auguste Personne recevra en décidant de rejoindre la Russlavie.
Je ne puis omettre de vous préciser que la plus totale amnistie sera concédée et que la sécession du Kaukaze sera oubliée.
Je comprends vos aspirations, mon histoire ne vous est sans doute pas inconnue, sachez qu'il n'y est rien que je respecte plus que l'identité d'une nation... Svetivostok a ouvert la voie du fédéralisme, croyez-moi et suivez-moi.

Au cas où Son Excellence souhaiterait ne pas tenir compte de ce billet et de ces présent, du moins si tel était l'écho qui me parviendrait, je n'aurais d'autre alternative que de prier Najah pour le salut de votre peuple assujetti par les nittons dont tous connaissent la fureur coloniale. il va sans dire que les frontières avec la Russlavie et ses protectorats seraient bien évidemment fermés et militarisés et votre territoire isolé.

Mais il ne s'agit là que d'hypothèses malheureuses ne devant pas être sérieusement envisagées

Leonid Antonovitch Godinnik
Prince Sveringoraï
Ministre des Protectorats de la République de Russlavie

-
M. Naganō
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Godinnik dans le Kaukaze Empty Re: Godinnik dans le Kaukaze

Dim 7 Mar 2010 - 19:07
Plus tard dans la nuit, alors que, après une orgie dans les règles de l'art, toute la Citadelle Rouge s'était assoupie, le diplomate Naganō se présenta dans la chambre à coucher de Godinnik. Avec lui, une quarantaine de soldats jatonnais, baïonnette au canon, entourèrent le lit.

Le jeune éphèbe qui partageait la couche de l'émissaire russlave fut traîné hors de ses couvertures. Très rapidement, deux soldats jatonnais le forcèrent à s'agenouiller, alors qu'un troisième, s'agrippant solidement aux cheveux du malheureux, tira la tête horizontalement au tronc. Une seconde plus tard, un éclair vint éblouir Godinnik, et la tête de son "bon ami" roula sur le tapis.

Naganō, arborant une mine défaite, de souffrance charitable, s'excusa platement devant l'émissaire russlave :

- Excellence ! Veuillez pardonner cette intrusion. Cependant, une voix affable est venue me confesser la présence de ce criminel dans vos appartemments. La justice kaukazienne - qui frappe les sodomites de la peine de mort - me commandait d'intervenir.
Nulle faute ne peut vous revenir, Excellence, étant donné votre manifeste innocence. Les responsables de votre garde rapprochée ont déjà été mis aux arrêts pour ce manque flagrant de vigilance. Leur sort est entre vos mains. Exécutez-les de votre propre main, Excellence, afin de laver l'insulte qui vous a été faite par ce malheureux événement.

S'apprêtant à quitter la chambre, le diplomate jatonnais se retint :

- Ah, je dois encore vous transmettre la réponse à votre billet de notre Premier Ministre, Son Excellence Boumboumtalek.

Il a dit "s'ils veulent fermer les frontières, qu'ils le fassent ! Le Kaukaze a d'autres frontières, et un accès à la mer, d'où lui parviennent les lumière du Jaton Invicible. Et puis, ce mécréant n'a aucun savoir-vivre; s'adresser immédiatement à Ma Gracieuse Lumière, quelle ignominie ! Il dit me connaître depuis longtemps, mais je n'ai jamais entendu parler de lui, moi qui ai passé ma vie sur les pâturages ! Au diable la canaille russlave, maudits colonisateurs ! Depuis que le chien sanglant Romanovsky, avide de massacres, a conquis ma patrie, ils se croient maîtres de mes peuples !"

Voilà, dans les grandes lignes, ce que Son Excellence a répondu.

Sur un signe de Naganō, la soldatesque jatonnaise s'ébranla bruyamment et quitta la chambre. Jetant un dernier regard sur le ministre russlave, il ajouta, arborant à nouveau un sourire poli :

- Dormez d'un sommeil céleste, Excellence. Je vous attends demain matin pour procéder à votre exécution des chefs de votre escorte.

Et je vous transmettrai à l'occasion les oeuvres d'un philosophe nitton. Ainsi, vous pourrez citer un autre que ce porc libidineux de Fon Siukus, ce sale Chynetoque, violeur autant que voleur, corrompu et débauché, bref : indigne de votre bouche civilisée.

Naganō quitta la chambre à son tour, laissant Godinnik seul avec le corps décapité.
Leonid Godinnik
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Lun 8 Mar 2010 - 23:36
Naganō avait claqué la porte et laissé Godinnik seul sur la dépouille encore chaude du jeune soldat tcherkesse et viril à moitié dénudé. La froideur et l'horreur de l'exécution avait succédé au bonheur et à la chaleur de l'excitation.

Voilà que l'émissaire russlave se trouvait piégé par Naganō qui s'avérait être une pire vermine qu'il n'avait semblé l'être. Les officiers de l'escorte, tous jatonais et kaukaziens (car ainsi en avait décidé le ministre jatonais du seigneur des lieux lors de l'entrée dans la cité), étaient menacés part une mort certaine d'une cruauté dont il ne fallait pas douter. En commandant l'exécution de ces hommes, Godinnik aurait mis à mort des jatonais et des kaukaziens, chose qui ne devait avoir lieu si l'on voulait éviter un conflit majeur. Au vue de la nature fourbe de son interlocuteur nitton, il fallait bien se douter que les mécanismes du piège ne faisaient que se mettre en route.

Le prince, en commandant une telle exécution aurait aussi en claire posture d'aveu de ce qui était considéré comme un crime mais aussi, de manière patente et générale, comme une déchéance morale et sociale... Bien que l'annonce de l'absence toute peine venait d'être prononcée par le bourreau de Somorkonde, Leonid Antonovitch Godinnik savait qu'il s'agissait là de signer son humiliation en place publique.

Il appela les gardes postés à sa porte et leur dit d'emporter la dépouille, puis s'enferma dans ses appartements en pensant à la direction que devait prendre sa réflexion... NON, il ne satisferait pas Naganō, NON il n'abandonnerait pas sa mission, NON il se laisserait pas humilier car il n'y avait pas de raison à cela!

Lorsque la garde entra deux heures plus tard dans les appartements, n'ayant pas de réponse du russlave, personne ne fut trouvé dans aucune des pièces. Toutes les fenêtres étaient ouvertes, dont une donnant sur les toits d'une cour intérieure, s'ouvrant sur le réseau de couloirs du palais, menant vers l'extérieur pour certains...

Lorsque la même garde avait évacué la dépouille du jeune cadavre, il n'avait été fait que peu de cas -voire même aucun- des vêtements du pauvre hère. Ces pauvres bougres kaukaziens et l'officier jatonais tâteraient du sabre ou du bambou...

Le prince, fort de sa turcosophilie, de sa maîtrise des langues orientales et des dialectes tcherkesses (son séjour dans une madrasa de Noordzeeland n'avait pas été inutile...) et revêtu d'un costume local n'avait pas eu de mal à se faufiler dans les rues sinueuses qui formaient le dédale de Somorkonde...
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Mer 31 Mar 2010 - 10:58
Godinnik, qui depuis quelques semaines vivait clandestinement sous le nom de Ibrahim Tchoukouvian, parcourait tout Somorkonde à la recherche d'appuis allant dans le sens du retour du Kaukaze au sein de l'Empire russlave... Il avait d'ailleurs réussi à mettre de son côté certains des chefs militaires des clans Tcherkesses déchantant devant la main-mise du Jaton sur leurs terres. Le soutien que lui apportaient les francs-charpentiers de Somorkonde lui permettait aussi de s'approcher de nombreux interlocuteurs.

Sortir de la cité aurait été très compliqué, les Nittons contrôlant absolument tout et chacun des hommes ou femmes entrant dans la ville bleue. Tchoukouvian avait donc réussi à faire venir en ses quartiers (qui changeaient chaque jour) certains des leaders des mouvements armés des montagnes du Nord, favorables à la Russlavie.

En ce 31 mars 1910, cela avait pris 21 jours, Godinnik avait réussi à mobiliser ce qui pourrait être considéré comme un mouvement de libération nationale du Nord Kaukaze: cela serait déjà ça de moins au Jaton et motiverait un mouvement plus ample!

De part ses informateurs, dont certains faisaient partie de l'État-Major jatonais, Godinnik venait d'apprendre la chute du Gouvernement de la République de Russlavie suite à la dissolution de la Douma par le Premier Ministre Medvelev. Il comprenait que sa mission n'avait pas tant d'importance pour Murasibirsk et que sa personne encore moins... Peut-être l'avait-on même laissé partir afin qu'il trouve dans le Kaukaze une fin qui en aurait arrangé certains, assez nombreux dans les arcanes du pouvoir...
Il n'était plus ministre, pas même député fédéral, juste un citoyen russlave perdu dans les monts arides et venteux du Kaukaze chaotique.
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Sam 19 Juin 2010 - 22:04
L'offensive que Godinnik avait menée avait soit entamé les troupes et la résistance nittonne, mais n'avait pas eu le succès escompté. Il fallait bien avouer que les troupes locales, obéissant à leurs khans, ne servaient au final que ces derniers et leurs fiertés placées au dessus de toute autre considération... Certains de ces potentats avaient même, au lendemain de la bataille aux portes de Somorkonde, rejoint les seigneurs de guerre du Grand Jaton.

Godinnik avait souffert physiquement de l'affrontement: une balle avait traversé son épaule droite, un coup de baïonnette avait balafré l'une de ses joues et un éclat de mortier entamé la force de sa jambe gauche... Voilà que le Prince Sveringoraï ressemblait presque à ce vieux scélérat de Loughinine!?!

Que Svetivostok semblait loin... Que la douceur du Palais Ukraunskaïa paraissait invraisemblable... La nature policée des svetivostokois contrastait plus que fortement avec la violence nonchalante des indigènes. Ici on coupait des mains, on décapitait, on pendait à tour de bras. Et les nittons en rajoutaient à travers des actes de barbarie raffinée et longuement mise en scène... Ce matin encore, un jeune russlave du Kaukaze avait été battu et émasculé en place publique afin de montrer que son engeance ne serait pas maîtresse en ces monts arides...

De la "Mère Patrie" qui avait envoyé son Ministre ici, point de signe de vie, mais il n'y en aurait sans doute plus. Tchoukouvian prenait le dessus sur Godinnik de plus en plus. La survie en dépendait...
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Mar 22 Juin 2010 - 9:27


Dans les lointaines limbes du Kaukaze, à des milliers de kilomètres de Mura', les antiques liens de la race semblaient briller d'une nouvelle aura, et les divisions politiques s'effaçaient de la même manière que les souvenirs de la Mère Patrie. Les Cosaques rouges du défunt colonel Dezrodnov avaient fini par se rallier aux cosaques blancs du défunt colonel Bezborodko. Au fur et à mesure, leur bande s'était renforcée de hordes errantes de trudoviks-brigands, de colons spoliés et de toute une faune dont on n'aurait su dire quel enfer l'avait vomi.

Dépourvu d'officiers, il était normal que le pragmatisme et l'instinct de survie soient les principes directeurs de ce conglomérat hétéroclite, hirsute et ivrogne, que seule la langue russlave et la haine des Jatonnais unissaient. Ils avaient fini par se trouver un chef, un ancien colon du nom de Liakhov, dont la vie prospère et ordonnée avait été détruite en même temps que sa femme et sa fille étaient violées et éventrées sous ses yeux par la vile soldatesque jatonnaise, au milieu des ruines de sa ferme incendiée.

Ce Liakhov montrait un talent insoupçonné dans sa nouvelle vie: faisant montre d'un charisme à toute épreuve ainsi que d'un talent certain de meneur d'hommes, il organisait coups de mains et embuscades contres les Jatonnais et leurs alliés, mais sans plus de succès que Tchoukouvian.

Il était inévitable que ces deux hommes, défenseurs de raccroc d'une Russlavie qui les avait oubliés, finissent par s'entendre. La survie en dépendait. C'est pourquoi, un beau jour, l'entièreté de la troupe de Liakhov (à peu près 6 000 hommes) fit mouvement vers les positions de Tchoukouvian, précédée par des messagers de paix et d'alliance, pendant qu'au nord, une sotnia de cosaques, dépêchée par Liakhov, allait reconnaitre les positions du régiment palonien, dont le chef de bande russlave ambitionnait de faire sa prochaine cible. Les paloniens étaient en effet restés obstinément neutres, se retranchant autour de deux gares du Transkaukazien. Mais leurs réserves de munitions et leur artillerie légère étaient bien tentantes pour un chef de guerre aux abois...
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Lun 28 Juin 2010 - 21:44
A Somorkonde, le chaos était à son comble. La ville avait subi un assaut dévastateur les 17, 18 et 19 juin. Une horde désorganisée de Tchouks, de Tcherkesses, de Cirkassiens et d'autres peuplades kaukaziennes, auxquels se joignaient quelques cosaques et les colons russlaves survivants, avait enlevé d'assaut les faubourgs de la cité, lors d'une charge de cavalerie mémorable. Celle-ci ne s'étaient arrêtée qu'au pieds des murs de Somorkonde.

Une série d'effroyables affrontements s'ensuivit, détruisant une bonne partie de la ville, saccagée et incendiée. Le dépôt ferroviaire, situé hors des enceintes, fut spécialement endommagé. Les rebelles à l'autorité du comité "Paix et Prospérité Célestes" arrachèrent les voies sur une longueur de trois kilomètres.

Une courageuse sortie de la garnison jatonnaise permit la victoire nittonne lors du troisième jour des combats. Grâce aux machinations du diplomate Naganō, plusieurs chefs rebelles rejoignirent aussitôt les rangs des "armées nationales de la République Halawite du Kaukaze", un amas bariolé de divers clans guerriers du pays.

Ce n'est qu'au prix d'une intense campagne de pacification que les garnisons jatonnaises et leurs auxiliaires purent rétablir momentanément le calme dans les districts autour de la capitale, afin de permettre à une armée d'esclaves et de serfs de reconstruire la voie ferrée et de fortifier Somorkonde. Pendant ce temps, Naganō, avec la bénédiction de Son Excellence Boumboumtalek, semait la zizanie parmi les clans et tribus du Kaukaze, espérant empêcher la formation d'un mouvement de résistance national.

La nouvelle de l'engagement des armées russlaves, événement totalement inattendu, ne pouvait que jeter l'effroi parmi les Nittons de Somorkonde, reliés à la mer et au Jaton par une mince voie ferrée longeant les montagnes sinueuses et atteignant la côte peu avant Tobolsk, en Sibérie russlave...
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Lun 28 Juin 2010 - 22:39

Par bonheur pour les Nittons, les bandes éparses de Liakhov n'étaient pas une armée professionnelle, entraînée et bien payée (l'Armée Russlave ne l'était pas non plus, du reste). Quant à Liakhov, son cerveau de colon autrefois placide et respectable commençait à se perdre dans les allés viciées de la mégalomanie.

Plutôt que de pousser son avantage, Liakhov avait renoncé à un nouvel assaut sur le district de Somorkonde. La gare-bourgade de Dzimboum-boum-gorod, où s'était retranchée les Paloniens, était une cible bien plus tentante. S'il parvenait à la contrôler, Liakhov pourrait mettre la main sur un superbe train en parfait état de marche, avec tout le sud de la Russlavie à portée de main. De plus, il serait en position d'appuyer (ou de menacer, Liakhov n'avait pas encore décidé) l'armée régulière russlave qui s'approchait lentement.

L'attaque de Dzimbou-boum-gorod fut à l'image des cavaliers tcherkesses: rapide, impréparée et atroce. Des clans entiers de cavaliers tchouks et tcherkesses furent anéantis par l'artillerie palonienne au cours de folles charges impétueuses et suicidaires, pendant que les cosaques et les bandes russlaves attendaient sagement à l'arrière, avant de porter le coup de grâce à des Paloniens exténués.

Les gens de Liakhov respiraient le stupre, le lucre et le crime, plus encore que le soldat russlave moyen. La population de la ville, déja oppressée par les Paloniens, fut entièrement exterminée, à l'exception des femmes, qui devinrent tout naturellement les esclaves sexuelles des nouveaux occupants après avoir connu les assaults de la soldatesque palonienne.

Liakhov se fortifia confortablement: il demeurait dans l'expectative: ayant pris goût à cette vie de rapine, ce Polchak au petit pied n'avait pas envie d'une victoire russlave trop rapide. Pris d' hubris, il se voyait déja en Empereur du Kaukaze ou, pourquoi pas, en Tzar de toutes les Russlavies...
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