- Feodor Pojarski
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Congrès du Parti Impérial
Ven 26 Nov 2010 - 12:54
Depuis le coup d'Etat de Krasschenko, la vie politique était en hibernation. La direction du PIR décida de lancer son grand congrès d'hiver, afin de marquer le coup. Théoriquement, le PIR était le grand gagnant du retour à la monarchie: selon toute vraisemblance, il serait amené à dominer la vie politique des années futures. Mais, dans les faits, les choses étaient différentes: pour l'instant, le seul membre du PIR à profiter de la restauration, c'était Pojarski. Et Pojarski, s'il avait rendu de grands services au parti à l'époque de la République, n'y était absolument pas populaire: il y avait chez lui quelque chose d'indéfinissable qui empêchait les aristocrates du PIR de le considérer vraiment comme un des leurs, malgré son nom prestigieux.
Le lancement de ce congrès, c'était une manière pour les membres du PIR d'exister et de se placer sur le devant de la scène. A l'agenda du congrès étaient prévues trois tâches: développer un programme politique complet et fouillé dans le cadre de la Monarchie. Ensuite, débattre de la question des élections. Car, ironie du destin, les Monarchistes du PIR désiraient ardemment que les législatives aient lieu: c'était la seule façon pour eux d'accéder à la visibilité, au pouvoir, au prestige. C'était seulement si la douma était élue que la dictature personnelle de Krasschenko pourrait se transformer en régime légal. Et enfin, évoquer le retour de la Famille Impériale et l'avènement d'un nouveau Tsar.
Le PIR envoya de nombreuses invitations: nobles, industriels, propriétaires terriens, officiers supérieurs, étaient invités en masse. On ne pris même pas la peine d'inviter quelques popes: leurs bondieuseries n'intéressaient plus personne. Une attention toute particulière fut portée à quelques personnalités de marque:
Tout Murasibirsk parlait déjà du colonel Vladimirovitch, l'homme qui avait mâté les canailles de la Rue St-Pavel. Comme toujours en Russlavie, les officiers charismatiques exerçaient une fascination sur ces aristocrates décadents, dont la hantise, depuis 1906, était que le peuple sur lequel ils étaient confortablement assis ne leur saute à la figure: ce qui était déjà arrivé trois fois, sans pour autant amener la noblesse à changer de mode de vie.
Le Colonel Vladimirovitch était parti en manœuvres, on le savait, néanmoins une invitation lui fut envoyée à titre gracieux.
Domenko Merovic, le nouveau venu dans la clique du Gouvernement, était également invité.
Furent également invités ("convoqués" serait un terme plus juste) les généraux Arpakine et Karpov. Ceux-ci régnaient à Opessa en satrapes et restaient sourds aux ordres et aux sommations du Général-prince Pojarski, ce qui réjouissait ouvertement les rivaux de celui-ci à l'intérieur du PIR. En les gagnant à la cause du PIR, les rivaux de Pojarski espéraient trouver en eux une solution de rechange à la tête de l'Armée une fois Pojarski remercié.
On ne pouvait pas faire autrement que d'inviter le Régent lui-même, même si l'on se doutait que la question des élections ne lui ferait pas plaisir. Car, malgré ses prétentions à incarner un Chef d'Etat impartial et paternel au dessus de la mêlée, nul n'oubliait que Krasschenko était avant tout un homme politique, un vieux renard dont les intrigues et les coups tordus se comptaient par centaines.
Enfin, l'invité qui faisait le plus parler de lui était le prince Gornostaï. Les vieux aristocrates du PIR plaçaient de grands espoirs, mais aussi de gros doutes, sur lui. De par sa naissance, de par son mode de vie, Gornostaï avait naturellement sa place au PIR. Pour beaucoup, il était même destiné à devenir le chef naturel de la droite monarchiste, bien davantage que Pojarski, avec ses airs de brigand kaukazien et ses accès de violence bien connus. Mais Gornostaï voulait-il être le chef de la droite monarchiste ? Rien n'était moins sur. Des rumeurs couraient. On prétendait que le prince avait passé des accords secrets avec le PCD. Qu'il était secrètement Novembriste. Qu'il avait contracté des dettes colossales auprès d'un usurier hébraïte du nom de Goldfarbmeyer. Qu'il entretenait une liaison scandaleuse avec une jeune activiste du PMLR, qui en avait fait son pantin.
C'était dans l'espoir de voir le prince clarifier ses intentions que la direction du PIR, contre l'avis de Pojarski, avait convié le prince Anissim Gornostaï au congrès.
Dans la grande salle de réception du Palais Dobronine, siège du PIR, le Congrès allait commencer, sous la forme d'un cocktail mondain. Une estrade avait été montée le long du mur du fond, pour accueillir discours et hommages, sous le regard de trois portraits monumentaux: Gorno le Grand, Nicolas Ier, et Alexandre III. Le portrait du Régent n'y figurait pas. Le message n'échappait à personne: c'était en politicien que Krasschenko était reçu aujourd'hui, non en tant que Chef de l'Etat.
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