Que pensez-vous qu'il est advenu de Placide Persévérance, notre reporter à Port-Banane ?
- Le Vigilant
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LE VIGILANT 20 V 1915
Mer 20 Mai 2015 - 18:45
LE VIGILANT
"Contre la franc-charpenterie, la liberté d'informer"
"Contre la franc-charpenterie, la liberté d'informer"
Note de la rédaction
Alors que la république de Belgravie, vassale du Saint-Empire d’Edoran, est menacée par la révolte d’un grand féodal ambitieux, notre correspondant edoranais, N.M. du Chayla, a rendu visite à Messieurs Diaz et Boulkinov, qui tentent de mettre sur pied une armée de volontaires pour défendre le gouvernement républicain.
Priap Kassianytch Rioumine,
Rédacteur-en-chef
Priap Kassianytch Rioumine,
Rédacteur-en-chef
Entretien avec Arcadio Diaz et Anton Boulkinov, fondateurs des Brigades Intermicronationales
Nous avons rendez-vous avec messieurs Diaz et Boulkinov à l’hôtel Wallenstein, jadis le plus bel établissement de Fiumu, à présent devenu le quartier-général des volontaires edoranais et étrangers qui ne cessent d’arriver en Belgravie pour soutenir le gouvernement républicain de Petar Kirill.
Depuis leur arrivée à Fiumu il y a une semaine, Arcadio Diaz et Anton Boulkinov ont accompli un travail phénoménal. Avec le soutien des autorités républicaines locales (mais sans l’approbation du gouvernement central de Sina), les deux hommes sont parvenus à faire venir de Petite-Russlavie et de Transvalachie, par des moyens légaux ou non, des milliers de fusils, de revolvers, de munitions et de mitrailleuses. « Simple comme bonjour, nous dit Boulkinov en grognant, la Russlavie est pleine de dépôts d’armes que personne ne surveille depuis la fin de la dernière guerre civile. Il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser, et je connais encore beaucoup de monde de l’autre côté du Tniestr ».
A.A. Boulkinov, co-fondateur des Brigades Intermicronationales
Anton Afanassievitch Boulkinov sait de quoi il parle. Lui qui commença sa carrière comme ouvrier des usines d’armement Mossine-Nagant à Novolensk, il connut une carrière fulgurante après la révolution de 1907 et devint chef de la Milice Rouge, la force paramilitaire du Parti Merksiste Luniniste Russlave. Après la suppression de la Milice Rouge et l’assassinat de ses subordonnées sur ordre du leader merksiste Viktor Medjelev, Anton Boulkinov, craignant pour sa vie, fuit en Petite-Russlavie puis en Moldavia. « Medjelev considérait la Milice Rouge comme une nuisance. Il pensait pouvoir gouverner sans l’appui d’une force populaire armée. La chute de la république russlave montre que le merksisme ne peut survivre sans la force des baïonnettes » ajoute Boulkinov.
Une erreur que les deux hommes refusent de voir se répéter en Belgravie. Près de cent vingt volontaires edoranais ont déjà été envoyés vers Sina, tandis que deux cent autres volontaires, issus de toutes les micronations ou presque, s’assemblent à Fiumu, et ce nombre ne cesse de grossir. « Nous espérons convaincre les Paloniens qui croupissent dans des camps de réfugiés à la frontière de nous rejoindre », explique l’ex-capitaine Diaz.
A. Diaz, recherché dans plus de dix-huit Etats du Micromonde
Diaz, qui a près de dix ans et une bonne tête de moins que son associé russlave, est un phénomène à lui seul. Né dans une famille d’officiers originaire de Cordilbao (Eslagnes), Arcadio Diaz sorti premier de sa promotion de l’école militaire, et devint rapidement quelque chose comme un héros pour le grand public, tant en Eslagne que dans le reste du Saint-Empire. Nommé capitaine à vingt-deux ans à peine, il s’illustra par sa bravoure et ses actions d’éclat dans la cavalerie du roi d’Eslagnes, jusqu’à ce que sa carrière connaisse une fin abrupt le 16 décembre 1910. « Je m’étais réveillé du mauvais pied, ce matin-là, nous confesse l’ex-capitaine Diaz, et voir la sale gueule du colonel Manzas hurler sur les soldats… J’en avais assez ».
La suite fit la une de la presse eslagnole : sans sommation, le capitaine Diaz dégaina son revolver et abattit son supérieur d’une balle dans la tête, au nom du droit des soldats à être traités dignement. Son procès, au cours duquel les femmes s’évanouirent par dizaines et l’accusé faillit périr étouffé sous les bouquets de fleur, accrut encore sa légende, tout autant que son évasion rocambolesque et sa fuite en Alémanie, puis au Panaconda.
« C’est vrai que nous avons pas mal bourlingué, grommelle Boulkinov. J’ai servi comme instructeur dans l’armée moldavienne, et puis comme gardien de phare au Noordzeeland, avant de rejoindre les troupes républicaines en Transvalachie. La défaite des Transvalaques m’a forcé à revenir en Moldavia ». En matière de tribulations, l’ex-capitaine Diaz n’a rien à envier à son comparse : « j’ai été engagé dans l’armée panacondaise juste au moment où se déclenchait l’épidémie qui allait emporter cette fière république. J’ai tenu le président Dominguez dans mes bras alors qu’il rendait le dernier soupir. Ensuite… après avoir brièvement tenu un établissement pour gentlemen au Zollernberg, j’ai exercé la fonction de sergent-major-général à Port-Banane, avant qu’une sombre histoire de femme et de dettes de jeu me force à fuir sous peine d’être réduit en esclavage ».
Pour quelle raison ces deux repris de justice se sont ils portés au secours de l’obscure république de Belgravie, dont personne n’avait jamais entendu parlé jusqu’à maintenant ?
« Le désœuvrement, principalement, répond Boulkinov. J’étais au chômage, et je sais qu’Arcadio est recherché par des huissiers de justice et des inspecteurs des phynances dans à peu près tous les Etats du Micromonde. Ce qu’on veut, c’est tuer des gens et vivre grassement aux frais de la république belgrave ».
Diaz opine, le regard froid, « le gouvernement républicain a besoin de nous. Il n’a aucun officier digne de ce nom. Nous savons faire la guerre, et nous la ferons, pour pouvoir continuer à loger dans des hôtels comme celui-ci ».
Mais c’est avant tout la défense du Droit et de la Démocratie qui motive leur action. « Sûr, répond Boulkinov, ça aussi, c’est important ». L’ex- capitaine Diaz embraie, manifestement très ému ; « vous devez bien comprendre que ce n’est que le début. La lutte qui commence ici en Belgravie n’est qu’un épisode de la guerre micromondiale entre les forces obscures de la réaction et les forces lumineuses de la démocratie ».
Au moment de nous quitter, Arcadio Diaz nous attrape le poignet : « Attendez, dites bien ceci à vos lecteurs : nous allons briser les forces de la tyrannie ici, en Belgravie, dans ce trou de cul du Micromonde. Ensuite, nous marcherons sur ma patrie, les Eslagnes. Oui, vous m’avez bien entendu. Nous marcherons sur Zalamanca, et nous renverserons le métèque couronné qui opprime mes compatriotes. La liberdad o la muerte ! ».
C’est sur ces paroles annonciatrices de tempête que nous quittons Fiumu, pas fâchés de retrouver la sécurité et le confort d’Allancia. L’auteur de ces lignes formule le vœu que le général de Hauteville saura mettre au pas la sarabande de seigneurs de guerre et d’officiers en rupture de ban qui menacent de plonger la Belgravie dans un chaos sans nom.
Depuis leur arrivée à Fiumu il y a une semaine, Arcadio Diaz et Anton Boulkinov ont accompli un travail phénoménal. Avec le soutien des autorités républicaines locales (mais sans l’approbation du gouvernement central de Sina), les deux hommes sont parvenus à faire venir de Petite-Russlavie et de Transvalachie, par des moyens légaux ou non, des milliers de fusils, de revolvers, de munitions et de mitrailleuses. « Simple comme bonjour, nous dit Boulkinov en grognant, la Russlavie est pleine de dépôts d’armes que personne ne surveille depuis la fin de la dernière guerre civile. Il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser, et je connais encore beaucoup de monde de l’autre côté du Tniestr ».
A.A. Boulkinov, co-fondateur des Brigades Intermicronationales
Anton Afanassievitch Boulkinov sait de quoi il parle. Lui qui commença sa carrière comme ouvrier des usines d’armement Mossine-Nagant à Novolensk, il connut une carrière fulgurante après la révolution de 1907 et devint chef de la Milice Rouge, la force paramilitaire du Parti Merksiste Luniniste Russlave. Après la suppression de la Milice Rouge et l’assassinat de ses subordonnées sur ordre du leader merksiste Viktor Medjelev, Anton Boulkinov, craignant pour sa vie, fuit en Petite-Russlavie puis en Moldavia. « Medjelev considérait la Milice Rouge comme une nuisance. Il pensait pouvoir gouverner sans l’appui d’une force populaire armée. La chute de la république russlave montre que le merksisme ne peut survivre sans la force des baïonnettes » ajoute Boulkinov.
Une erreur que les deux hommes refusent de voir se répéter en Belgravie. Près de cent vingt volontaires edoranais ont déjà été envoyés vers Sina, tandis que deux cent autres volontaires, issus de toutes les micronations ou presque, s’assemblent à Fiumu, et ce nombre ne cesse de grossir. « Nous espérons convaincre les Paloniens qui croupissent dans des camps de réfugiés à la frontière de nous rejoindre », explique l’ex-capitaine Diaz.
A. Diaz, recherché dans plus de dix-huit Etats du Micromonde
Diaz, qui a près de dix ans et une bonne tête de moins que son associé russlave, est un phénomène à lui seul. Né dans une famille d’officiers originaire de Cordilbao (Eslagnes), Arcadio Diaz sorti premier de sa promotion de l’école militaire, et devint rapidement quelque chose comme un héros pour le grand public, tant en Eslagne que dans le reste du Saint-Empire. Nommé capitaine à vingt-deux ans à peine, il s’illustra par sa bravoure et ses actions d’éclat dans la cavalerie du roi d’Eslagnes, jusqu’à ce que sa carrière connaisse une fin abrupt le 16 décembre 1910. « Je m’étais réveillé du mauvais pied, ce matin-là, nous confesse l’ex-capitaine Diaz, et voir la sale gueule du colonel Manzas hurler sur les soldats… J’en avais assez ».
La suite fit la une de la presse eslagnole : sans sommation, le capitaine Diaz dégaina son revolver et abattit son supérieur d’une balle dans la tête, au nom du droit des soldats à être traités dignement. Son procès, au cours duquel les femmes s’évanouirent par dizaines et l’accusé faillit périr étouffé sous les bouquets de fleur, accrut encore sa légende, tout autant que son évasion rocambolesque et sa fuite en Alémanie, puis au Panaconda.
« C’est vrai que nous avons pas mal bourlingué, grommelle Boulkinov. J’ai servi comme instructeur dans l’armée moldavienne, et puis comme gardien de phare au Noordzeeland, avant de rejoindre les troupes républicaines en Transvalachie. La défaite des Transvalaques m’a forcé à revenir en Moldavia ». En matière de tribulations, l’ex-capitaine Diaz n’a rien à envier à son comparse : « j’ai été engagé dans l’armée panacondaise juste au moment où se déclenchait l’épidémie qui allait emporter cette fière république. J’ai tenu le président Dominguez dans mes bras alors qu’il rendait le dernier soupir. Ensuite… après avoir brièvement tenu un établissement pour gentlemen au Zollernberg, j’ai exercé la fonction de sergent-major-général à Port-Banane, avant qu’une sombre histoire de femme et de dettes de jeu me force à fuir sous peine d’être réduit en esclavage ».
Pour quelle raison ces deux repris de justice se sont ils portés au secours de l’obscure république de Belgravie, dont personne n’avait jamais entendu parlé jusqu’à maintenant ?
« Le désœuvrement, principalement, répond Boulkinov. J’étais au chômage, et je sais qu’Arcadio est recherché par des huissiers de justice et des inspecteurs des phynances dans à peu près tous les Etats du Micromonde. Ce qu’on veut, c’est tuer des gens et vivre grassement aux frais de la république belgrave ».
Diaz opine, le regard froid, « le gouvernement républicain a besoin de nous. Il n’a aucun officier digne de ce nom. Nous savons faire la guerre, et nous la ferons, pour pouvoir continuer à loger dans des hôtels comme celui-ci ».
Mais c’est avant tout la défense du Droit et de la Démocratie qui motive leur action. « Sûr, répond Boulkinov, ça aussi, c’est important ». L’ex- capitaine Diaz embraie, manifestement très ému ; « vous devez bien comprendre que ce n’est que le début. La lutte qui commence ici en Belgravie n’est qu’un épisode de la guerre micromondiale entre les forces obscures de la réaction et les forces lumineuses de la démocratie ».
Au moment de nous quitter, Arcadio Diaz nous attrape le poignet : « Attendez, dites bien ceci à vos lecteurs : nous allons briser les forces de la tyrannie ici, en Belgravie, dans ce trou de cul du Micromonde. Ensuite, nous marcherons sur ma patrie, les Eslagnes. Oui, vous m’avez bien entendu. Nous marcherons sur Zalamanca, et nous renverserons le métèque couronné qui opprime mes compatriotes. La liberdad o la muerte ! ».
C’est sur ces paroles annonciatrices de tempête que nous quittons Fiumu, pas fâchés de retrouver la sécurité et le confort d’Allancia. L’auteur de ces lignes formule le vœu que le général de Hauteville saura mettre au pas la sarabande de seigneurs de guerre et d’officiers en rupture de ban qui menacent de plonger la Belgravie dans un chaos sans nom.
Nikolaï Mavrikievitch du Chayla,
Correspondant à Fiume
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