Deuxième réunion du gouvernement

EL/ La séance de la Douma n'en finissant plus de finir, je proposes une petite fission temporelle pour tenir en parallèle une réunion du gouvernement, histoire de faire avancer le jeu que Fedor doit actuellement trainer seul... Imaginons nous que la séance de la Douma vient de finir si cela vous va /EL

Viktor tremblait, furieux, une copie du Vigilant dans les mains. Déjà que la séance de la Douma avait été bien trop longue et n'avait pas terminé à son avantage, déjâ qu'il tardait à mettre en place ses réformes, et maintenant les tsaristes revenaient l'emmerder.

Viktor poussa un cri de rage en arpentant la pièce ce qui fit sursauter Anatole, en pleine rédaction de l'ordre du jour de la réunion. Le pauvre bougre renversa son encrier sur ses feuilles et tacha même son pardessus. Il jeta un regard implorant à Viktor qui finit par s'asseoir sur une chaise, résigné.

Mais pourquoi Rommanovsky tardait-il ? Il fallait préparer une réplique policière aux tsaristes et vite... Et Alexandre qui, depuis son départ furtif de la Douma, ne donnait toujours pas de signe de vie. Viktor commençait à trouver le pouvoir amer...

Romanovsky qui jubilais presque arriva dans le salon réservé au conseil des ministres. Il regarda Viktor qui été affalé sur son fauteuil, et le secrétaire, qui préparait des notes. Il s'avança vers Viktor et lui serra la main, de sa lourde poigne.

Sacré Viktor, lui dit-il. Vous n'êtes pas rancunier, j'espère. Je ne cherchais en aucun cas à mettre à mal les idée républicaine, mais votre "camarade"est quelque peut gênant sur certain point. Ne m'en voulais donc pas si je suis heureux de cette victoire.

Viktor était ahurie. Comment Romanovsky, cet immonde petit homme politique, pouvait oser parler ainsi des petites victoires partisanes à la Douma alors que l'est du pays était en pleine guerre civile ? Sans même lui serrer la main, Viktor se rassit et jeta un regard désespéré vers la porte. Alexandre et les Républicains n'arrivaient toujours pas. Viktor se résolut à commencer. S'adressant au maréchal pour une première fois depuis son arrivé, il dit d'une voix sec

Vous ne me tiendrez pas rigeur, je l'espères, si je ne converse pas avec vous pour l'instant sur des banalités parlementaires. Loin de moi l'idée de réfréner votre joie maréchal, mais pendant que vous paradiez avec votre code pénal de loi, le Kaukase a officiellement fait sécession et une armée tsariste a commencé à s'organiser.

Viktor se leva brutalement en jetant sur la table un exemplaire du Correspondant de Sormokonde. Le Premier Minsitre, qui sentait que la situation lui échappait, était maintenant tout rouge et criait plus qu'il ne parlait

Où sont nos soldats maréchal ? Où sont nos soldats pour que les Jattonais s'emparent si facilement du Kaukase ? Les Jattonais maréchal, vous vous rendez compte ?

Viktor lança son verre sur le mur en prononçant ses dernières paroles. Il se rassit lentement en respirant bruyamment, le visage toujours empourpré. Puis, Viktor enfouie sa tête dans ses mains pendant deux bonnes minutes. Anatole, fort gêné que Viktor se montre si faible devant le maréchal, fixa scrupuleusement ses notes sans sourciller. Finalement, Viktor, un peu plus calme, leva la tête et dit

Il faut reprendre le Kaukase... il faut lever un armé... et au plus vite...le Kaukase... on ne peut pas perdre le Kaukase ! Et ce rassemblement de tsaristes, il est hors de question qu'il ait lieu ! Préparer la police et l'armé maréchal, nous allons mâter ces dissidents. Que tous les tsaristes soient arrêtés pour trahison de la nation Russlave !

Lorsque Viktor lui annonça que le Kaukase avait été envahi, avait fait sécession et était en proie au tsariste, Nikolaï avait viré au Bleu puis au Rouge.

Comment, la Kaukase !!!!!

Puis, nerveux, il dit à Viktor.

Les soldats, en ce moment, il sont au sud de Murasibirsk, près de la frontière, et aussi en Petite-Russlavie. Et si les notes de mon prédécesseur sont juste, il y en à en pleine Sibérie.

Il marqua une pause afin de faire quelque cents pas.

Quant au problème du P.I.R. il me semble que légalement je ne peux rien faire, la liberté politique et la liberté de mouvement garantie par la constitution ne m'accorde pas le droit d'agir dans ce sens. Et d'après leur torchon, il ne s'agirait que d'une marche de protestation.

Il s'approcha du premier ministre se pencha et lui murmura.

Toutefois, il y a peut être moyen, mais ceci serais plus ou moin illégal, surtout de la part d'un gouvernement.

Sur ce Godinnik entra dans le salon d'un pas vif... Il ne lui avait pas fallu longtemps pour voir ce que cette république valait... Le Prince à son tour jeta un exemplaire du feuillet aux propos démagogiques et mensongers sur la table, cependant cela ne fut pas avec u ncri qu'il accompagna ce geste, mais avec un éclat de rire qui fit que ses acolytes le dévisagèrent intensément...

- Ahahahahah! Messieurs, avez-vous lu cette prose humoristique? Avez-vous vu comme la République est sur le point de se faire humilier?

Godinnik se tut soudain, le rire laissa la place à un rictus mauvais...

- Messieurs, voilà où nous en sommes, je ne vais pas y aller par quatre chemins, mais bien par un seul: Svetivostok n'est jamais tombé, pas même devant les troupes impériales, et ne tombera jamais aux mains des Jatonais! Ça, je peux bous l'assurer.

Sans que les autres n'aient eu le temps d'esquisser un mouvement de lèvres, Leonid continua séchement:

- Maintenant la Douma peut bien se fatiguer en feuilleton, comme je l'avais déjà signalé il y a de cela quelques mois, il fallait régler les conflits pratiques avant de se lancer dans de la théorie fumeuse... Pour ce qui est de mon attitude, je ne me désolidariserai pas de ce Gouvernement, désormais il en va de la survie de la République que je ne vous laisserai pas abîmer davantage. Dès la fin de cette réunion, je prendrai la route se Somorkonde et y exercerai mon ministère...

Viktor écarquilla les yeux en entendant les propos de Godinik. Que les Jatonnais prennent le Kaukase était une chose mais qu'ils lui fasse perdre son autorité au cabinet...ça jamais !

Vous ne nous laisserez pas abimer davantage la République ? Que dois-je comprendre Leonid ? Dois-je vous rappeler que Svetivostok est maintenant une province de la fédération comme les autres et que vous êtes désormais ministre de mon gouvernement et non pas prince ? La survie de la République nous tient tous à cœur et c'est pour cela que vous resterez ici et commencerez à exercer votre fonction de ministre délégué à l'implantation de la République, chose que vous auriez du faire bien plus tôt...et on voit bien maintenant le résultat de votre inaction !

Viktor, qui s'était emporté, rougit un peu et toussa nerveusement avant de reprendre plus doucement

Mais peu importe, laissons nos chicanes de côté : l'heure est trop grave. Il faut reprendre le Kaukase au plus vite et repousser les Jatonnais. Notre armé à les capacités pour le faire mais doit être déployé au plus vite, chose à laquelle devrait s'affairer le maréchal dès maintenant !

Je ne crois pas que Svetivostok soit pour l'heure menacé. Mais le P.I.R, lui, menace l'ensemble de la République et est à long terme un danger bien pire que le Jaton. Et qu'est-ce que le tsarisme sinon une trahison envers la République ? Il faut ordonner à la police qu'elle enferme ses criminels. Mais le vrai combat est celui des masses. Le P.I.R. ne doit pas convaincre la population, sinon tout est perdu ! Les machines du PMLR, du PR et du PCD doivent rouler à plein régime dès aujourd'hui pour fédérer la population à la République. Le gouvernement débloquera des fonds pour aider nos partis dans leur mission d'éducation.

Godinnik n'en revenait pas... Voilà que ce jeune arriviste qui ne connaissait rien, à vrai dire, de son passé, se permettait de le malmener verbalement. Mais Leonid en avait vu bien plus, il avait tout connu depuis le Tsar Nicolas... Il n'avait eu peur de personne...

- Monsieur le Premier Ministre, quand l'orchestre pèche c'est qu'il est mal dirigé, assurément... Prenez-vous en donc au chef d'orchestre!

Godinnik, qui n'avait pas fait parler de lui depuis bien longtemps, n'avait toutefois pas perdu sa verve. Avec ce tacle il réussit à faire s'étouffer d'indisposition Piotr Mikhaelsky, greffier du Gouvernement...

- Le temps perdu en réunionite ici-même ou à la Douma sclérose l'État. Comment voulez-vous que quelque ministre, même de bonne volonté ait pu faire quoi que ce soit de concret. Maintenant, Monsieur le Premier Ministre, si je dois avoir votre consentement pour agir, je m'en passerai et vous chercherez un autre ministre... La liberté n'a pas de prix et je ne souffrirai pas de ne plus être au Gouvernement... Il ne s'agit pas là d'une réaction de prince mais de celle de n'importe quel citoyen impliqué... J'étais républicain sous la monarchie, je ne suis pas prince sous la République, cela serait mal me connaître... À vous de voir... Mon voyage dans le Kaukaze me permettra justement de mettre en application la politique de mon ministère, au lieu de me tourner les pouces comme un rond de cuir depuis un bureau loin des réalités...

Viktor détestait être en situation de faiblesse. Bien sûr que Godinik irait à Svetivostok : Viktor avait besoin du soutien des républicains pour gouverner et ceux-ci le savaient. Refroidis par la menace de quitter le gouvernement de Leonid, le Premier Ministre pesta avant de marmonner

Ah et faites donc ce que vous voulez mais arrêtez de m'embêter !

Puis, alors qu'il rougissait, il rajouta, d'un ton hésitant

De toute façon j'imagine que vous connaissez mieux Svetivostok que moi...

Viktor toussa et se ressaisit

Bien, cela étant dit, il reste ce Kaukase à reprendre. J'attends un rapport de la situation de votre part au plus vite maréchal...et faites déferler nos soldats dès que possible, inutile de convoquer le gouvernement pour ça.

Anatole, après la réunion tu passeras au siège du PMLR. Je veux que les ouvriers sortent pour manifester leur appui au gouvernement et leur crainte façe au PIR. Je suis sûr que l'État pourra débloquer une somme pour une action si patriotique...

Je vais aussi faire envoyer une mise en demeure à leur satané journal. Il ne peut pas colporter pareilles balivernes sur nous impunément. Ce qui m'amène à notre système de justice qu'il faut établir au plus vite. Quelqu'un aurait un juge dont le patriotisme et le républicanisme n'est pas à douter qu'on puisse le nommer à la Cour Fédéral ? Je comptes bien voir les procès de ses tsaristes commencer au plus tôt...

Leonid avait eu ce qu'il voulait, il ne s'attendait pas à quelque autre réaction de la part du Premier Ministre qui, comme tous ses prédécesseur, y compris lui-même, Godinnik, était finalement pied et poings liés devant la clique ministérielle et de la Douma...

Svetivostok...??? Mais il n'avait rien compris... Il s'agissait d'un voyage à Somorkonde, non pâs à Svetivostok...

- Monsieur le Premier Ministre, la crise est avancée, le secrétaire de mon ministère me représentera auprès de vous et je prends le chemin de suite vers le Kaukaze afin d'y rencontrer les sécessionnistes...

Sur ce Godinnik salua ses confrères et sans se retourner sortit de la salle aux dorures trop belles pour être honnêtes... Son train l'attendait, tout comme les troupes parties de Svetivostok et l'attendant à la frontière du Kaukaze...

Regardant partir Léonid, le Maréchal se demandait si, tout comme lui, il ne se sentait pas impuissant face à l'immobilisme politique et la lenteur administrative. Mais, il y avait des problèmes plus grave à régler que des querelles entre ministres.

Monsieur le Premier-Ministre, comme je vous le disait avant, pour le P.I.R. la solution existe, mais du point de vue légal elle est impossible.

Il attendit une réponse du Premier-ministre, il été le seul à pouvoir le couvrir sur ce terrain.

Pour le problème du Kaukase, je donne l'ordre à 50'000 de nos soldats de suivre Godinnik. Il veux parlementer, aucun souci, mais si cela tourne mal, nos soldats pourront intervenir.

Viktor hocha la tête d'approbation. Quelle ironie qu'il doive désormais compter avant tout sur le PCD, le PR semblant avoir un agenda caché. Viktor songea qu'il devrait demander à Pierre d'être un peu plus doux avec ce qui semblait bien devenir son allié d'infortune. S'imaginant la réaction du jeune merksiste quand il lui demanderait de cesser de critiquer le PCD, Viktor eu un sourire amusé. Enfin ! Ce n'était pas le temps de rêvasser mais d'agir...

Fort bien, et demandez aux officiers sur le terrain de garder un oeil sur Godinik...je me méfie de ça hâte à se rendre à Sormokonde. J'ai pleinement confiance en ses capacités de négociateur mais encore doit-il croire en la Russlavie et en son gouvernement. Que les soldats comprennent bien que la priorité est de reprendre le Kaukaze, par la diplomatie ou par la force.

Pour ce qui est du P.I.R, ne croyez pas que je rechignes à prendre les grands moyens pour m'en débarrasser mais je ne crois pas encore avoir épuisé mes ressources...euh traditionnelles. Considérez pour l'instant que je fais mon affaire du P.I.R, je veux que tout vos énergies soient sur le Kaukase.

Et j'apprécierais que le PCD joigne ces efforts à ceux du PMLR pour mobiliser la population en faveur du gouvernement.

Bon ! Nous avons tous deux fort à faire, en moins que vous ne vouliez ajouter quelque chose, je suggère qu'on close cette réunion.

Viktor quitta finalement le palais Samsonov non sans avoir demandé au maréchal de le tenir au courant de l'évolution de la situation au Kaukase. En regardant sa montre, Viktor maugréa : il était en retard pour son rendez-vous avec Piotr, ancien camarade de classe et aujourd'hui un des avocats les plus réputés chez establishment russlave. C'est que Viktor n'avait pas envie que les rumeurs scandaleuses que véhiculait le Vigilant continuassent à se propager. Il fallait éteindre le feu avant que le vent ne l'alimente !

Anatole, lui, fila à la primature du PMLR pour alerter les leaders syndicaux : la machine rouge devait se mettre en branle pour gagner l'appui de la population. Il ne manquait que Alexandre pour compléter le trio gouvernemental du PMLR, Alexandre qui manquait toujours mystérieusement à l'appel...

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